Le Japon mise sur l’Afrique. La troisième économie mondiale consacrera 30 milliards de dollars en investissements pour le développement du continent noir. C’est ce qui ressort de la sixième Ticad.
Le Japon a mis le paquet à Nairobi. La sixième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (Ticad VI), qui s’est tenue dans la capitale kenyane les 27 et 28 août, a permis au gouvernement japonais de renouveler son engagement envers l’Afrique. Tout comme son voisin chinois, le Japon veut séduire les dirigeants africains. Ainsi, le Premier ministre Shinzo Abe a promis une enveloppe de 30 milliards de dollars pour booster le développement du continent noir.
« Il s’agit d’un investissement qui reflète la confiance dans le futur de l’Afrique », a-t-il déclaré en marge de l’ouverture de la sixième Ticad, tout en précisant qu’un tiers de cette somme, soit 10 millions de dollars, sera consacré à la construction et à l’amélioration des infrastructures.
L’histoire de la Ticad avait commencé en 1993, au lendemain de la fin de la guerre froide. Le gouvernement japonais avait alors lancé l’initiative d’apporter une aide financière et technique pour le développement du continent noir. La première Ticad s’était tenue à Tokyo, cette année-là. Elle a permis à l’économie nipponne de renforcer sa position en tant qu’acteur-clé dans le soutien au développement en Afrique. Et depuis, le Japon donne rendez-vous tous les cinq ans, à tous ses partenaires issus du continent africain, à débattre son développement.
« En Afrique, la seule raison d’être d’un problème est qu’il soit résolu. Et le Japon, vivement désireux de résoudre avec vous les problèmes auxquels est confrontée l’Afrique, est un pays qui ne relâchera pas ses efforts », a spécifié Shinzo Abe.
Potentialité
Pour le gouvernement japonais, ce rendez-vous de Nairobi était crucial jusqu’au point où il veut se démarquer de la Chine. De fait, l’Empire du Milieu avait fait connaître, en 2015, une enveloppe de 60 milliards de dollars pour le développement de l’Afrique. Pour séduire les dirigeants africains, l’équipe de Shinzo Abe insiste sur la « qualité » de sa prestation tout en misant dans les secteurs d’activités où les Japonais excellent comme la planification urbaine, la santé, l’énergie, l’assainissement des eaux, ou la prévention des catastrophes naturelles.
Le Japon, un archipel dépourvu de tout, voit en Afrique, un continent doté d’une potentialité hors pair. Le rendez-vous de Nairobi était devenu une opération de séduction du gouvernement nippon et de ses entreprises. Pendant deux jours, la capitale kenyane s’est transformée en une gigantesque foire des « made in Japan ». Les grandes firmes industrielles japonaises comme Toyota, Mitsubishi, Sumitomo, ou encore Canon ont répondu présent à cette première Ticad organisée en Afrique. Plus de 70 chefs d’entreprises japonaises dirigés par Sakakibara Sadayuki, président du Keindaren représentant le monde des affaires japonais y ont assisté.
« Vingt-deux entreprises et universités vont signer soixante-treize mémorandums d’entente avec des gouvernements et organisations africains », a addirmé Shinzo Abe.
En marge de cette Ticad, le Japon et le Kenya ont signé un accord d’investissement. Les négociations ont également été ouvertes avec la Côte d’Ivoire pour le même type d’accord. Madagascar n’est pas en reste avec la signature d’un mémorandum avec le conglomérat Sumitomo, l’un des actionnaires de la société minière Ambatovy, et le financement de l’extension du port de Toamasina.
Pour rappel, les échanges commerciaux entre le Japon et l’Afrique se sont élevés à 24 milliards de dollars en 2015, bien loin des 179 milliards de dollars d’échanges du continent avec le géant chinois.
Lova Rafidiarisoa