Les partis politiques ayant pris part à l’atelier multiacteurs d’Ankorondrano se sont accordés sur une recommandation commune. La révision des textes électoraux est, notamment, soulignée.
Consensuel. Tel serait le caractère des recommandations formulées et signées par les partis politiques ayant participé à l’atelier multiacteurs qui a pris fin, hier, à l’hôtel Ibis Ankorondrano. À l’issue de deux jours d’échanges et de cogitations, les acteurs du microcosme, présents au rendez-vous, se sont accordés sur une position commune.
À l’endroit de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), les partis politiques recommandent « le plafonnement des dépenses de campagne ». Selon les explications des participants à l’atelier, ce point sous-entend la révision du cadre juridique des élections. « La limitation des fonds de campagne est, certes, la seule mentionnée dans les recommandations, mais les partis ont reconnu et se sont accordés sur le fait qu’aucune élection ne sera crédible et acceptée de tous tant que les textes électoraux ne seront pas révisés », a déclaré Ihanta Randriamandrato, du parti TEZA.
Durant les échanges, apporter des corrections au code électoral, à la loi sur les partis politiques, sur l’opposition ou encore la refonte de la liste électorale serait un préalable nécessaire et accepté par les partis politiques afin d’avoir des élections transparentes.
Des révisions avec la participation des acteurs politiques dans la phase d’éla- boration. Autre point saillant des recommandations issues de l’atelier d’Ankorondrano est adressé aux partis politiques eux-mêmes. Il s’agit de la mise en place d’un espace de concertation et de dialogue permanent entre les partis politiques. Là, aussi, les informations recueillies indiquent qu’il y a un non dit. « Il a été convenu que cet espace de concertation soit institutionnalisé », affirme l’ancienne ministre de l’Élevage et devrait être un cadre de dialogue entre les partis politiques, mais également, entre ces derniers et les tenants du pouvoir.
Concrétisation
Le programme d’atelier multiacteurs entamé durant ces deux derniers jours avec les partis politiques devraient comprendre d’autres séries d’échanges avec, comme participants, la société civile, les médias, les leaders religieux et traditionnels ainsi que l’armée. Organisé conjointement par l’Exécutif, le Programme des Nations-Unies pour le développement (Pnud), et l’Union africaine (UA), il a pour objectif de « créer un environnement propice et nécessaire pour la consolidation de la paix et de la démocratie dans le pays et à la tenue des élections crédibles, transparentes, pacifiques et inclusives en 2018 ».
Les recommandations formulées d’une manière « consensuelle » par les partis politiques, lors de la cérémonie de clôture des deux jours d’échanges qui leur sont impartis, hier, devraient mener à l’atteinte des objectifs du programme d’atelier multiacteurs. Seulement, le fait que des détails qui, de prime abord, paraissent importants et acceptés durant les débats ont été omis de la version rendue publique de la conclusion des discussions d’Ankorondrano, intriguent. Surtout, lorsque des précédents indiquent que les acteurs politiques malgaches excellent dans l’art d’interpréter à leur guise les termes d’un accord ou recommandations sommaires comme celles d’hier.
La révision du cadre juridique des élections et la refonte de la liste électorale, en particulier, ont déjà été suggérées à maintes reprises mais, en vain. Ce n’est que maintenant que la Ceni s’active afin de proposer des avant-projets de lois électoraux en vue de la seconde session du Parlement, en octobre. Selon Ihanta Randriamandrato, une rencontre entre les partis politiques et l’entité électorale devrait se tenir demain afin de s’entendre sur la manière dont les politiciens peuvent prendre part au processus de confection des textes.
Les recommandations d’hier, ne prévoient pas, par ailleurs, une quelconque échéance temporelle quant à leur concrétisation. « La mise en place d’un comité technique de suivi de leur application est prévue », indique, toutefois, l’ancienne ministre Randriamandrato. Un point pas inscrit dans la déclaration d’hier, non plus.
Garry Fabrice Ranaivoson