Les failles de la sécurité, la mauvaise organisation, la corruption en tous genres sont autant de points noirs qui plombent l’image de l’aéroport d’Ivato. Des furoncles constatés par le chef de l’État.
C’est un fait. Hormis quelques saisies ultra médiatisées qui, certainement, sont d’importance minime par rapport au volume et nombre de métaux et de pierres précieux, ou encore de faunes endémiques qui ont déjà pu passer aisément et sans crainte les mailles de la sécurité, l’aéroport d’Ivato est une porte de sortie privilégiée par les trafiquants pour exporter les marchandises illégales.
Lors d’une visite « inopinée », à l’aéroport d’Ivato, jeudi, Hery Rajaonarimampinaina, président de la République a reconnu l’enfer du décor. « Ces derniers temps, des tortues, de l’or, ainsi que divers objets illicites franchissent librement nos fron-tières, ici à Ivato. Mais où sont les contrôleurs Qui fait quoi ici Où sont les caméras de surveillance Pourquoi ces pratiques perdurent », a fulminé le chef de l’État.
La gendarmerie, la police de l’air et des frontières, la douane le CSPI et le SAMADA, les entités en charge de la sécurité et la sûreté à l’aéroport international ne semblent pas à même d’assumer pleinement leur responsabilité. Au regard de ce qui s’y passe quotidiennement, il est probable que ce soit non de l’incompétence, mais une omission volontaire.
Le fait que les marchandises illégales qui passent comme une lettre à la poste à Ivato soient saisies, dans d’autres aéroports, après un simple passage au scanner, indique que le matériel utilisé à Madagascar pourrait être défectueux. À cela s’ajoute l’agissement du personnel de sureté et de sécurité. Qu’il soit gendarme, policier ou civil, tous baignent dans la corruption et le favoritisme à leur guise et sans crainte sous les yeux des caméras de surveillance et même des passagers en attente d’embarquement.
Anomalies
Il n’est, en effet, pas rare de voir des agents en uniforme se faire graisser la patte par des liasses d’ariary ou de devise à l’entrée de la salle d’embarquement, ou encore aux portes de la salle de débarquement. Dès l’instant de son arrivée et au moment où il quitte l’île, les visiteurs de Madagascar ne peuvent pas se défaire de l’image d’un pays gangrené par la corruption. Avec quelques dizaines de milliers d’ariary, ou quelques dizaines d’euros ou de dollar c’est selon, on peut ainsi, échapper au problème d’excès de bagage ou au fouille de ses bardas.
Depuis quelques semaines, par ailleurs, les accompagnateurs des passagers au départ ou ceux qui les accueillent sont interdits d’accès au hall de l’aéroport d’Ivato. Cela n’empêche pas, pour autant, des hordes d’individus non identifiés, ni identifiables, jouant le rôle de facilitateurs qui, moyennant une somme d’argent, permet aux voyageurs ne voulant pas endurer les affres des longues files d’attente au checking, d’envahir l’endroit. Ceci avec la bénédiction et la complicité des agents de sécurité militaire, policière ou civile de l’aérogare.
Il y a également la corruption et le favoritisme des agents de douane qui deviennent la règle aux points de vérification des passeports. Priorisant les piles de documents de voyage que leur tend un collègue, à la file d’attente, ils font traîner une procédure qui ne devrait durer que quelques secondes par passager et cause, parfois, des retards du décollage des avions. Aussi, pour regagner du temps, les contrôles à l’embarquement sont souvent faits à la va-vite. Il y a aussi les passages non-contrôlés qui concernent le plus souvent les personnes munis de badge ayant accès à la salle d’embarquement et au tarmac, « où se poursuit la chaîne de complicité ».
À cela s’ajoute que certaines catégories de personnalités comme les autorités politiques et autres VIP qui, de pratique, ne font pas l’objet de fouille ni au départ ni à l’arrivée. « Tous ceux qui ont accès au tarmac doivent avoir un ordre de mission et avoir un travail précis à effectuer. (…) Tout le monde doit être fouillé », a intimé le Président de la République, pestant contre les anomalies. Des corrections s’imposent. L’image du pays, la sécurité des vols et des personnes, ainsi que le statut international du transport aérien malgache et de la compagnie nationale sont en jeu.
Garry Fabrice Ranaivoson