La population vulnérable bénéficie d’une politique nationale de protection sociale. Toutefois le fonds pour la concrétiser demeure un suspense.
Une grande première pour la Grande île. Après 55 ans d’indépendance, Madagascar, selon Marcus Schneider, représentant de la fondation Friedrich Ebert, se dote d’une Politique nationale de protection sociale (PNPS). C’était hier à Anosy lors de la validation de cette PNPS. Les piliers de cette PNPS reposent sur l’assistance sociale, les services d’action sociale et la sécurité sociale. « L’objectif consiste à réduire de 15% le nombre de la population en situation d’extrême pauvreté. Puis de faire bénéficier d’une couverture de protection sociale efficace, au moins la moitié de la couche de la population vulnérable d’ici 2030 » a indiqué le ministre de la Population, de la Protection sociale et de la Promotion de la Femme, Onitiana Realy.
Mais le principal défi dans cette nouvelle politique, souligne toujours Marcus Schneider, est la question du financement. « La protection sociale ne devrait pas se heurter aux restrictions budgétaires actuelles, mais elle devrait être considérée comme un investissement », a lancé le représentant de la fondation Friedrich Ebert.
Le Premier ministre, Jean Ravelonarivo, face à cette interpellation, se veut rassurant. « Après cette validation, la PNPS sera présentée en conseil de gouvernement pour être mise en œuvre dans les plus brefs délais. Une partie du financement est déjà prête dans les ministères. Les bailleurs de fonds comme la Banque Mondiale a également annoncé l’octroi de 40 millions de dollars pour sa concrétisation », a-t-il avancé.
À entendre pourtant Andrea Vermehren, spécialiste en protection sociale à la Banque mondiale, dans son allocution, cette aide, même si elle vise à appuyer l’État pour élargir les programmes sociaux, consiste essentiellement à aider les ménages vulnérables afin de soutenir l’éducation de leurs enfants. Ce programme ne sert seulement qu’à financer une partie des axes stratégiques de la PNPS.
Axe n°2
D’autres axes nécessitent des financements conséquents comme l’amélioration de l’accès aux services sociaux de base. Cet axe stratégique n°2 a pour objectif de rendre effective la prise en charge de l’enseignement de base, améliorer la nutrition à l’endroit des groupes vulnérables, permettre l’accès aux services de santé pour les groupes les plus vulnérables, faciliter l’accès à l’eau et aux infrastructures d’hygiène et promouvoir l’accès au logement. Une éventuelle réduction du budget du ministère de l’Éducation nationale de 9,64% et celui du ministère de la Santé publique, amputé de quelques 53 milliards d’ariary par le projet de loi de finance rectificatives 2015 ne présage rien de bon.
Afin de remédier à ces difficultés, Serge Radert, directeur général du Programme de gouvernance et de développement institutionnel (PGDI) durant l’exposé du contenu de cette nouvelle politique, a proposé diverses sources de financement, entre autres le budget de l’État, les taxes parafiscales ou cotisations de solidarité, les contributions, les dons et legs, les cotisations sociales et les souscriptions aux assurances, les appuis internationaux ainsi que les emprunts.
À entendre le Premier ministre, c’est la population qui doit financer cette politique. « Il faut un changement de mentalité pour que chaque personne contribue à cette politique », lance-t-il. Toutefois la concrétisation de la politique pour promouvoir le travail qui est la première forme de protection sociale, reste encore timide. C’est grâce à l’emploi que les taxes parafiscales visant à faire des prélèvements obligatoires sur les revenus, la fortune, la propriété foncière, la valeur ajoutée, peuvent être effectués.