Bien qu’enrobée dans un langage diplomatique, la position de l’Union européenne est claire. L’organisation du vieux continent ne roule pas pour les élections anticipées.
Clair. Koen Vervaeke, managing directeur pour l’Afrique du service diplomatique européen, le Service européen pour l’action extérieure, a dit tout haut ce que la plupart des représentations diplomatiques, jugeant le sujet sensible, pensent tout bas. Les bailleurs ne veulent pas entendre parler d’élections anticipées.
À la tête d’une mission de suivi électorale (MSE), dont l’objectif est assez suggestif, « établir (…) un état des lieux de la mise en œuvre des recommandations de la mission d’observation électorale de l’UE de 2013, en perspective des élections prévues en 2018 », Koen Vervaeke, a été questionné sur son avis concernant les revendications d’une frange importante de l’opposition de tenir des élections anticipées, la présidentielle, notamment. Bien qu’enrobée d’un discours diplomatique, sa réponse a été quelque peu limpide.
« Lors des élections de 2013, un mandat de cinq ans, a été donné au président de la République. C’est un aspect fondamental de la politique de respecter les mandats. C’est lors des élections que l’électorat s’exprime, que les forces politiques qui ne font pas partie du gouvernement peuvent faire campagne et faire valoir leur point de vue, parfois, critiques. C’est à ce moment là que les choses doivent se décider et la parole laissée aux votants. Nous ne voyons aucune raison de ne pas respecter cette date [l’échéance de 2018] », a rétorqué à la presse, Koen Vervaeke.
Des déclarations qui pourraient doucher l’un des principales leitmotive et des entités regroupées au sein du mouvement « Malagasy mivondrona ho an’ny fanorenana ifotony » (MMF). D’après les informations, le chef de la MSE européenne se serait entretenu avec des leaders politiques, comme Marc Ravalomanana, ancien chef d’État, et les visages de la plateforme Armada, hier. Il est, fort probable, qu’il ait profité de l’occasion pour tenter de convaincre ses interlocuteurs de l’inopportunité d’une élection avant l’heure.
Stabilité
Le chef de la MSE « (…) a mené des rencontres avec toutes les parties prenantes, au cours desquelles il a transmis un message de respect scrupuleux des règles du jeu démocratique et mis l’accent sur l’importance de consolider l’étape initiée en 2013 », rapporte un communiqué de l’ambassade de l’UE. En marge d’une cérémonie d’ouverture d’un atelier électoral, à l’hôtel Ibis Ankorondrano, Hawa Ahmed Youssouf, représentante spéciale de la présidente de la Commission de l’Union africaine (UA), avait déjà tenu des mots forts contre l’idée d’une élection anticipée.
Ce qui n’a cependant pas suffi à taire les revendications de ceux qui réclament le départ prématuré du président Hery Rajaonarimampianina. La position de la communauté internationale sur la question s’est, toutefois, peu à peu affirmée. Le communiqué de presse de l’UE rapporte, par ailleurs, que la mission de suivi électoral a mis l’accent sur « la mise en œuvre des recommandations de la mission d’observation [à l’issue des élections de 2013] ».
Avec les séries d’atelier de ces dernières semaines, la Commission électorale nationale indépendante (CENI), semble suivre à la lettre l’inclusivité à la transparence du processus et au dialogue entre les parties prenantes pour le suivi et l’élaboration des réformes électorales, recommandées. Koen Vervaeke, a fait part de son satisfécit quant aux efforts déployés par les autorités sur ces points. Quelques domaines pourraient, toutefois, laisser à désirer. Avec le nouveau code de la communication, la liberté de la presse, inscrit parmi les trente-et-une recommandations du rapport final de l’observation électorale de l’UE, en 2013, pourrait s’avérer utopique.
Selon le chef de la MSE, des élections crédibles transparentes et crédibles « sont des conditions pour ancrer la stabilité et d’un engagement soutenu sur le plan politique, mais aussi, économique de la communauté internationale ». Outre le scrutin, cependant, le fait pour le pouvoir en place d’avoir à disposition les moyens de ses ambitions pourrait, également, être un gage de stabilité. L’État mise sur les aides et investissements internationaux pour relancer le développement. Une manne qui semble mettre du temps à affluer.
Garry Fabrice Ranaivoson