Les chefs de l’Exécutif ont brillé par leur absence lors de la cérémonie de prestation de serment de la CNIDH, hier. La mise en place de cette Commission est pourtant censée découler de la volonté politique des tenants du pouvoir.
Faux bond. Les débuts de la Commission nationale indépendante des droits de l’Homme (CNIDH) pourraient indiquer du poids des futures actions et décisions de cette entité dans les affaires nationales. Certes, cet organe, contrairement à d’autres, n’est pas prévu par la Constitution, mais la CNIDH matérialise le respect des traités et accords internationaux signés par Madagascar en matière de promotion et défense des droits de l’Homme.
L’absence simultanée des deux chefs de l’Exécutif à la cérémonie de prestation de serment des onze membres de la Commission des droits de l’Homme, hier à la Cour suprême à Anosy, n’est alors pas passée inaperçue. Une absence qui a entraîné des questionnements de certains de ceux qui ont prêté serment, hier. « La mise en place de la CNIDH découle pourtant d’une volonté politique de l’Exécutif. Cette situation intrigue ».
En voyage au Togo, pour prendre part à un sommet extraordinaire de l’Union Africaine (UA), Hery Rajaonarimampianina, président de la République, a convié les onze membres du CNIDH à Iavoloha mardi. Une rencontre, notamment, pour s’excuser de son absence à la cérémonie de prestation serment d’hier. Annoncé pour pallier à l’absence présidentielle, Solonandrasana Olivier Mahafaly, Premier ministre, n’a pas non plus fait acte de présence.
Pour expliquer l’absence du chef du Gouvernement, une source avisée indique qu’il est fort probable que le locataire de Mahazoarivo n’ait pas reçu d’invitation pour la cérémonie d’hier. L’organisation protocolaire a été prise en charge par le ministère de la Justice. Il est possible qu’en l’absence du chef de l’État, il ait été décidé que ce soit au garde des Sceaux de présider la cérémonie.
Aux cotés de Charles Andriamiseza, ministre de la Justice, deux autres membres du gouvernement, et deux Chefs d’institutions.
Urgence
L’absence du Premier ministre Mahafaly pourrait, toutefois, également s’expliquer par un vice d’emploi du temps. Au moment où se tenait la prestation de serment, le numéro 2 de l’Exécutif a reçu en visite de courtoisie, à Mahazoarivo, une délégation conduite par le directeur régional de l’Organisation internationale des migrations. La présence de la représentante résidente du Programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD) à Madagascar, du conseiller au haut commissariat des Nations-Unies aux droits de l’Homme, ou encore du représentant résident de la Banque africaine de développement, pourrait cependant indiquer la portée de la CNIDH.
Dans un communiqué de presse rapportant la prestation de serment d’hier, il est indiqué que « l’accréditation est un défi auquel la CNIDH de Madagascar doit faire face. Au terme d’une année d’exercice, elle fera l’objet d’évaluation, dont l’effectivité de son indépendance ainsi que les activités de promotion et de protection qu’elle a menées, seront des critères déterminants pour l’obtention du statut A, dont les retombées vont conférer à l’Île, bonne image et prestige en matière de droits de l’Homme et de renforcement de l’État de droit, au profit d’un environnement viable, propice aux investissements ainsi qu’au développement économique ».
Le déroulement de l’évènement d’hier pourrait toutefois confirmer le fait que la décision de l’Exécutif serait impulsée par l’échéance de la conférence des bailleurs, en décembre, entre autres. Un objectif où les preuves concrètes et quantifiables des intentions affirmées de respect de l’État de droit, de la lutte contre l’impunité et de la bonne gouvernance seront scrutées. Une urgence donc, au point que les principaux responsables étatiques n’ont pas eu le temps de réaménager leur planning. Un impératif qui oblige également la CNIDH à aller au charbon sans budget. Les fonds nécessaires à son fonctionnement ne sont même pas prévus dans les consultations ayant précédé l’élaboration de la loi de finances 2017.
Garry Fabrice Ranaivoson