Le Gouvernement trouve toujours des parades pour justifier les coupures d’électricité. Des motifs qui n’arrivent pas à convaincre la population.
On connaît la chanson. Entre les problèmes financiers, problèmes d’étiage, pannes techniques, vétusté des infrastructures, les responsables étatiques semblent toujours trouver des explications toutes faites avancées par la Jirama et l’administration depuis belle lurette pour justifier les coupures d’électricité. Mais cette-fois ci, le Premier ministre Olivier Mahafaly a trouvé une autre parade avec « un problème d’acheminement de carburant ». Comme si gouverner n’est plus prévoir.
Les habitants de la ville d’Antananarivo et ses périphéries ont passé un mauvais week-end. Ils ont été privés d’électricité pendant plusieurs heures. La colère des usagers est montée d’un cran. Les réseaux sociaux s’affolent contre la Jirama. « On paie déjà assez cher l’électricité et voilà ce qu’on mérite en retour. Que font nos dirigeants », se lamente un père de famille habitant Ankorondrano. Chaque abonné de la Jirama reçoit sa dose quotidienne de coupure de courant.
Pour calmer les esprits, le chef du gouvernement est sorti de son palais pour annoncer des mesures concrètes sur le contrôle de cette chaîne d’approvisionnement en carburant de la société nationale d’eau et d’électricité. « Chaque chose a ses limites. Je vais suivre de près ce dossier » a-t-il déclaré hier à Ampefiloha Antananarivo. Alors que ce problème ne date pas d’hier.
Les discours de mesures pleuvent mais les résultats plombent. Cette liste s’ajoute donc à une série de mesures « stériles » annoncées par l’administration Rajaonarimampianina comme l’audit sur l’utilisation des carburants ou encore la chasse ouverte sur les branchements illicites.
Pluie d’aides
Tout le monde sait que l’utilisation excessive de gasoil engendre de grosses dépenses allant même jusqu’à l’endettement de la société. Mais personne n’ose prendre une décision pour mette fin à l’utilisation de ce type de carburant dans les centrales de la Jirama au profit de l’huile lourde. Les intentions restent dans les déclarations. À Madagascar, 75% de l’énergie sur le marché dépendent des groupes électrogènes. En temps normal, les besoins journaliers de la Jirama, pour la capitale et ses environs, s’élèvent à 240 m³. Mais le gouvernement vient de réviser à la hausse ce besoin journalier de la Jirama à 330m³.
Pour faire face à ces dépenses, la société énergétique bénéficie d’une pluie d’aides financières à hauteur de 300 milliards ariary pour cette année. Elle vient même de bénéficier d’une rallonge de 40 milliards ariary. Des sommes équivalent aux budgets annuels de plusieurs ministères.
L’on s’interroge maintenant sur la capacité du gouvernement à gérer ce dossier. À l’allure où vont les choses, l’administration semble baisser les bras. Depuis tout ce temps, nos « combattants » ne disposaient pas d’une tactique, d’un plan d’attaque et d’une stratégie bien définie pour vaincre cet adversaire. Même le président Rajaonarimampianina qui a promis de mettre KO debout ce délestage « en trois ou six mois au plus » n’a plus de solutions immédiates entre les mains. À mi-parcours de son mandat, le problème semble empirer. Les coupures intempestives d’électricité continuent de frapper plusieurs quartiers d’Antananarivo et ses environs au risque de s’éterniser. Les motifs avancés n’arrivent plus à convaincre la population.
Lova Rafidiarisoa