Le gouvernement a attendu la veille de l’Aïd El-Adha pour confirmer que la journée du 24 septembre ne sera chômée que pour les Musulmans.
Travailler ou ne pas travailler ce 24 septembre Telle était la question que beaucoup se sont encore posée, hier. Il a fallu attendre l’après-midi du 23 septembre pour en avoir le cœur net. « La journée du 24 septembre est fériée, chômée et payée, uniquement pour les musulmans en célébration de l’Aid El-Adha, jour d’Arafat, fin du pèlerinage à La Mecque », indique le bureau du Premier ministre sur sa page Facebook.
Pendant plusieurs jours, l’opinion est restée dans l’incertitude sur les tenants et les aboutissants du décret adopté en conseil de gouvernement en mars 2015. Le communiqué de presse rapportant les décisions du conseil du gouvernement du 24 mars s’était contenté de dire que désormais les journées de l’Aïd El-Fitr, jour de la fin du ramadan, et de l’Aïd El-Adha seraient fériées, chômées et payées, sans plus de précisions. Et même quand le décret avait été officiellement signé, ses dispositions restaient controversées. Elles laissaient encore entendre que les non-musulmans avaient le choix.
Le décret en question, dans son article 1, ajoute les dates du samedi 18 juillet, la fin du mois de ramadan, et du 24 septembre, à la liste des jours fériés pour 2015. Il précise ensuite en son article 2 que « ces journées sont obligatoirement chômées pour le musulman ». « À ma compréhension, ces journées ne sont donc pas forcément fériées pour les établissements qui n’emploient pas des musulmans », souligne une juriste. Celle-ci considère que l’option est ainsi facultative pour les non-musulmans et qu’il devrait être laissé à la libre appréciation des employeurs de les déclarer chômées ou non.
Exclusion
Dans certaines entreprises et organisations, la décision de ne pas faire venir au travail l’ensemble des employés avait déjà été prise avant que la déclaration officielle des autorités n’intervienne. « La note de service ayant déjà été publiée, nous avons jugé que ce n’était pas la peine d’y revenir », confie le responsable d’une Organisation non-gouvernementale.
D’autres entreprises, elles, se sentent gênées de devoir identifier individuellement ceux qui sont musulmans. « Il nous est difficile de confirmer que tel ou tel employé est musulman et qu’il a le droit de suspendre son travail demain (ce jour). Une personne peut aussi se prétendre musulmane alors qu’elle ne l’est pas. Si on ignore ce décret, l’employé en question va mal prendre que nous le fassions encore venir au travail surtout que le férié est obligatoire », confie un dirigeant d’entreprise.
Sur les réseaux sociaux, la décision du gouvernement suscite l’incompréhension. Il est surtout reproché au gouvernement de faire de l’exclusion et de la discrimination. « Lorsqu’une journée est décrétée fériée, elle doit l’être pour tout le monde », s’insurge un internaute. Un autre en rajoute : « il serait peut-être aussi temps que le gouvernement décide de décréter l’assomption (15 août) uniquement férié pour les catholiques parce que seuls les catholiques célèbrent cette fête ».
L’État employeur, dans tous les cas, a décidé de faire travailler les non-musulmans, et de laisser ainsi dans l’incertitude les usagers. Ceux qui auront des dossiers à traiter ne sauront pas si les agents publics qu’ils devraient voir ce jour sont musulmans ou pas, et s’ils seront ainsi au travail ou non.
Ce n’est pas pas la première fois que les principales fêtes musulmanes sont décrétées fériées à Madagascar. Sous la transition, l’Aid El Fitr, la fin du mois de ramadan, et l’Aid El Adha ont déjà été déclarés chômés et payés pour les Musulmans. La controverse et la polémique actuelles viennent de l’imprécision avec laquelle le gouvernement avait formulé le décret.