Un membre du Conseil supérieur de la fonction publique a été placé, hier, sous mandat de dépôt pour une affaire de faux diplômes. Deux autres personnes ont subi le même sort.
La journée était longue hier, aux 67Ha, pour les quatre personnes suspectées d’avoir utilisé de faux diplômes afin de postuler à une haute fonction au sein de l’administration publique. Arrivés vers 10h au siège de la Chaîne pénale anti-corruption, dans un minibus du Bureau indépendant anti-corruption (Bianco), les suspects, sous escorte, sont montés très vite au cinquième étage du bâtiment de la Caisse nationale de prévoyance sociale pour être entendus. Ils ne sont sortis qu’en début d’après midi. Trois d’entre eux ont été placés sous mandat de dépôt à Antanimora.
Les deux personnes sont des employés du ministère de la Fonction Publique, du Travail et des Lois Sociales, un directeur de personnel et un technicien supérieur. La troisième, mise sous mandat de dépôt à Antanimora, est un chef de service auprès du ministère de l’Environnement, de l’écologie, de la mer et des forêts. La seule femme suspectée dans cette affaire de faux et usage de faux diplômes a, par contre, bénéficié d’une liberté provisoire.
Les témoins, collègues de travail et amis, se sont ainsi succédé pendant des heures devant les juges pour être entendus. Mais les charges contre les trois suspects étaient telles qu’ils n’ont pu être disculpés.
Combat de longue haleine
Le directeur de personnel aurait utilisé un faux diplôme de Master I pour être reclassé en catégorie 8. L’emploi de ce terme de Master I par certaines universités est déjà décrié par les enseignants chercheurs de l’université d’Antananarivo. « Il n’y a que le diplôme de Licence, Master et Doctorat dans le système LMD. Les diplômes de Master I et II sont des termes utilisés pour manipuler les gens », a souligné un enseignant de l’École Supérieure de Science Agronomique. Le technicien supérieur du ministère de la Fonction publique a, par contre, utilisé un faux diplôme de bac+2 pour obtenir son poste. Quant au chef de service du ministère de l’Environnement, il aurait employé un faux diplôme de troisième cycle, obtenu à l’université de Toliara en 2008.
Les sanctions qui attendent les suspects pourraient aller d’un emprisonnement au paiement d’une amende. Des sanctions issues de l’administration suivant la décision du Conseil de discipline pourraient également suivre, en parallèle avec celle annoncée par le tribunal. Les enquêtes pourraient encore se poursuivre pour identifier les complices de ces suspects. « Les établissements indiqués dans ces diplômes ont tous nié, pour l’instant avoir été complices. Mais seul le tribunal, à travers son enquête, pourrait les innocenter », a souligné une source proche du dossier.
Quant aux travaux d’assainissement de l’administration publique, le combat reste de longue haleine. L’ancien directeur général de la Fonction publique, suspectée d’usage de faux diplôme aurait déjà repris sa fonction. « Nous ne savons pas si elle a obtenu une liberté provisoire. Mais elle aurait déjà repris son travail », répond amèrement la source proche du dossier.