Une soixantaine d’entités civiles ont signé une lettre ouverte adressée au pouvoir Exécutif. Une missive lui demandant de passer à l’acte et de confirmer l’illégalité des bois de rose saisis à Singapour devant la Justice locale.
xSoixante-quatre. Tel est le nombre d’Organisations de la société civile (OSC), et organisations non-gouvernementales (ONG), nationales et internationales, œuvrant dans le domaine environnemental, ayant signé une lettre ouverte adressée de manière nominative à Hery Rajaonarimampianina, président de la République et Solonandrasana Olivier Mahafaly, Premier ministre, ainsi qu’à tous les membres du gouvernement.
Une missive rédigée en anglais, traduite librement, dans laquelle, les signataires avancent en objet : « Lettre ouverte des groupes de la société civile exhortant le gouvernement de Madagascar à appuyer l’accusation contre les contrebandiers de bois de rose malgaches à Singapour ». Le corps de la lettre ajoute : « Nous demandons instamment au gouvernement malgache de réitérer le caractère illégal de l’exportation de ces bois auprès du tribunal de Singapour (…) ».
Environ trente mille rondins de bois de rose, d’une valeur avoisinant les 50 millions de dollars, ont été exportés de manière illicite de Madagascar, en février 2014, profitant d’une brèche de quelques jours, où l’embargo de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), a pris fin, avant d’être reconduit. Une cargaison saisie quelques mois plus tard à Singapour, après avoir passé par diverses tentatives de blanchiment. Un imbroglio de la position officielle de l’État malgache a amené les tribunaux de la ville-État à « acquitter », les « trafiquants », à cause de preuves à charge insuffisantes.
Démarche
Dans ce dossier l’État a d’abord affirmé l’illégalité des papiers d’exportation de la cargaison, avant de se raviser par le biais d’un message adressé à la Justice singapourienne par Anthelme Ramparany, ministre de l’Environnement de l’époque. Dans une autre lettre, quelques mois plus tard, Jean Ravelonarivo, ancien Premier ministre, a réaffirmé l’illégalité des actes administratifs. Au final, l’administration Rajaonarimampianina, a décidé de ne pas s’impliquer dans l’affaire. Le dossier est néanmoins, en appel devant la Haute Cour de Singapour.
Un procès qui s’est ouvert, hier. Sous la pression de la CITES, en septembre dernier, l’État malgache a, une nouvelle fois, revu sa position en soutenant « l’illégalité », de cette exportation et en affirmant son intention de témoigner dans ce sens devant la Justice de Singapour. Lors d’un entretien téléphonique, il y a quelques semaines, Ndranto Razakamarina, président du conseil d’administration de l’Alliance Voahary Gasy, signataire de la missive d’hier, a indiqué qu’« une lettre officielle de l’État, affirmant ce caractère illégal suffira comme témoignage ».
Un acte que l’administration Rajaonarimampianina n’aurait donc pas réalisé, si l’on s’en tient à la lettre ouverte publiée, hier Un responsable auprès du ministère de l’Environnement soutient, toutefois, que « l’État a déjà entamé une démarche. Une démarche qui, d’après les échos, a eu un impact sur le procès, dont le verdict sera connu, en janvier ». Devant la presse, hier, à Anosy, Jean Louis Andriamifidy, directeur général du Bureau indépendant anti-corruption (Bianco), a déclaré que, Madagascar a engagé un avocat pour défendre ses intérêts devant la juridiction de la ville-Etat.
Garry Fabrice Ranaivoson