L’importance de la mise en place de la HCJ a, une nouvelle fois, été rappelée par l’UE. Un des engagements, inscrit dans le cadre de son appui budgétaire.
Enormément importante. Tel est le qualificatif utilisé par Antonio Sanchez-Benedito, ambassadeur de l’Union européenne (UE), lorsqu’il a abordé la nécessité de mettre en place la Haute cour de justice (HCJ), dans son discours d’ouverture du dialogue politique entre l’État malgache et l’Europe, hier, au palais d’État d’Iavoloha.
« (…) La mise en place de la HCJ même si elle n’est pas encore opérationnelle, sera, aussi, une avancée énormément importante (…) », a déclaré le diplomate européen. Le rendez-vous d’hier, selon les explications, étaient l’occasion de faire le point sur l’avancée des engagements conclus entre Madagascar et l’UE lors du précédent dialogue politique qui s’est tenu, à Tolagnaro, en mars dernier, et faire des projections sur les futures actions communes.
Dans son allocution d’hier, l’ambassadeur de Sanchez-Benedito, rappelle, toutefois, un point déjà pointé du doigt par l’Europe, en début d’année et ayant causé un décaissement partiel de la 2e tranche de l’appui à la consolidation aux services de l’État. À entendre les discours d’hier, pourtant, Madagascar est dans une dynamique positive quant à la concrétisation de ses engagements vis-à-vis des partenaires internationaux.
Questionné sur les raisons qui l’ont amené à rappeler, entre autres, « l’importance », de la mise en place de la HCJ, lors d’un point de presse clôturant la rencontre d’hier, le diplomate européen a indiqué : « Nous avons, à nouveau, soulevé des points sur lesquels, nous pensons que des avancées sont, encore, à faire (…) La mise en place effective de la HCJ doit compléter la structure judiciaire du pays qui est, aussi, incluse dans le cadre de notre appui budgétaire ».
Feuille de route
Si Antonio Sanchez-Benedito a suggéré une mise en place de la Cour « même si elle n’est pas opérationnelle », les arguments des responsables étatiques durant le dialogue l’ont visiblement, amené à atténuer ses dires, lors du point de presse. « L’on voit, néanmoins, qu’il y a quelques avancées importantes », a-t-il déclaré faisant référence au fait qu’il ne reste plus qu’un seul membre de l’institution judiciaire à nommer pour qu’elle soit mise en place et soit opérationnelle.
Un point mis en exergue par la société civile, hier, en marge de la célébration de la journée mondiale de lutte contre la corruption, à Anosy, est, toutefois, la loi de finances 2017, qui a été votée sans amendement par le Parlement et « ne prévoit pas de budget pour la Haute cour de justice ». L’Europe, visiblement, veut rester optimiste sur ce point. Les conditionnalités de décaissement des 10 milliards de dollars, acquis durant la Conférence des bailleurs et des investisseurs (CBI), à Paris, ont également été abordées devant la presse, hier.
Préférant utiliser le terme « engagement », plutôt que conditionnalité, autant Hery Rajaonarimampianina, président de la République, que l’ambassadeur de l’UE ont tenté de contourner les questions de la presse. Dans leur prise de parole, les deux personnalités ont, néanmoins, glissé quelques bribes des engagements, qui figurent dans la feuille de route, que Madagascar, devra suivre et concrétiser pour que les promesses de 6,4 milliards de dollars des bailleurs traditionnels, acquises dans la capitale française, soient entièrement décaissées.
À entendre le chef de l’État, le décaissement des quelques 4 milliards d’euros promis ne devrait pas poser problème et débute déjà. Les bailleurs traditionnels seront, cependant, plus regardants sur des points comme l’amélioration de la gouvernance de la Jirama et des autres sociétés à participation étatique, la bonne gouvernance, l’amélioration de l’assiette fiscale, du climat des affaires, ou encore, la lutte contre la corruption, l’État de droit, les droits de l’homme, entre autres, avant d’ouvrir grand les vannes.
Droits de l’Homme et sécurité préoccupants
Durant le dialogue politique d’hier, l’UE, par le biais de son ambassadeur, a, également, fait part de ses préoccupations concernant la situation du respect des droits de l’homme et de l’insécurité, à Madagascar, ces derniers temps. Le diplomate Sanchez-Benedito, a soulevé, particulièrement, les cas de vindictes populaires. « Ce sont des questions qui nous interpellent (…) c’est un constat qu’il y a un manque de confiance envers les forces de sécurité et la justice, à Madagascar », a-t-il déclaré. Reconnaissant la nécessité d’un renforcement du système de sécurisation pour reprendre la main, l’ambassadeur avance, cependant, qu’« il faudra agir dans le respect des droits de l’homme », en tenant compte de la proportionnalité des faits des répliques.
Garry Fabrice Ranaivoson