Le Premier ministre devance les éventuelles dénonciations d’atteinte aux droits de l’homme inhérente à l’opération « Mazava ».
Anticipation. À entendre le discours de Solonandrasana Olivier Mahafaly, Premier ministre, hier, à Tsiroanomandidy, il semble avoir voulu anticiper les probables assauts des entités nationales et internationales impliquées dans la défense des droits de l’homme, en cas d’éventuelles brutalités militaires dans le cadre de l’opération « Mazava ».
« Afin d’obtenir l’adhésion et la responsabilisation » des responsables et habitants des zones concernées par cette nouvelle opération militaire mise en branle pour casser la dynamique délétère des « dahalo », l’Exécutif a organisé un atelier, hier, à Tsiroanomandidy. Dans son discours d’ouverture de l’événement, le chef du gouvernement a reconnu que la guerre contre l’insécurité est loin d’être gagnée, mais que l’État ne ménage pas ses efforts pour y parvenir.
L’opération « Mazava », est ainsi, présentée par celui qui préside, aussi, l’Organe mixte de conception nationale (OMC-nat), comme l’une des actions engagées par le pouvoir pour parvenir « à une sécurité durable ». Tout en incitant à une prise de responsabilité de tous les citoyens dans la lutte contre l’insécurité, le locataire de Mahazoarivo a, également, appelé les responsables présents à l’atelier d’hier, à défendre « la nécessité de protéger les personnes et leurs biens », contre « les détracteurs lorsque l’opération sera vraiment engagée ».
Dans son allocution, le Premier ministre a déploré que « plusieurs sont ceux qui critiquent les actions militaires, notamment, les défenseurs des droits de l’homme (…) que les militaires détruisent des villages, ou encore, brutalisent même les femmes et les enfants ». Selon lui donc, dans les opérations spéciales telles que « Mazava », les militaires « dans leur mission de protection des personnes et des biens (…) sont dans une logique de guerre (…) car, face à eux, ils ont des individus qui n’hésitent pas à tuer ».
Légitime défense
La latitude des militaires à user de la force, quitte à tuer dans ces genres d’opération dont l’objectif est, justement, de casser la prolifération des « dahalo », a toujours fait débat. Surtout lorsque dans le feu de l’action, les éléments sur terrain confondent, souvent, « rétablissement de l’ordre », avec « exaction ». Pour se défendre des réprimandes des défenseurs des droits de l’homme, les responsables militaires mettent, fréquemment, en avant la dernière phrase de l’alinéa 1er de l’article 8 de la Constitution.
Cette disposition prévoit en matière de droit à la vie que « (…) La mort n’est pas considérée comme infligée en violation de cet article dans le cas où elle résulterait d’un recours à la force rendue absolument nécessaire, en vue d’assurer la défense de toute personne contre la violence illégale ». Une phrase qui renvoie à la « légitime défense », affirment, pourtant, des juristes. La légitime défense qui impose le principe de proportionnalité, notamment, des actes et des moyens, mais aussi, un critère de proximité temporel entre l’attaque et la réaction.
L’application sur terrain de ces principes est, souvent, discutable. Conscient, probablement, de la situation, le commandement militaire souhaite un texte d’application de l’article 8 de la Constitution. « L’idéal est d’appréhender, enquêter et traduire ces individus devant la Justice. Mais la réalité est toute autre car, ils n’hésitent pas à répliquer aux forces de l’ordre, alors comment voulez-vous qu’ils réagissent », soutient, le Premier ministre.
Étant donné les dégâts causés par les « dahalo », la logique étatique semble abonder dans le sens de l’usage de la force pour casser le rythme. « (…) les opérations ne sont, toutefois, pas suffisantes. Nous constatons que ces individus reviennent en force dans leurs méfaits, une fois que les opérations se terminent », concède, pourtant, Solonandrasana Olivier Mahafaly. L’usage de la force n’est, résolument, pas une solution durable.
Garry Fabrice Ranaivoson