L’allocution présidentielle du Nouvel An, a été une succession de tacles envers ses détracteurs, qu’il qualifie de « hauts parleurs » non patriotes.
Riposte. Laissant les énumérations des « réalisations » de l’Exécutif de l’année 2016 au Premier ministre et aux deux présidents des Chambres parlementaires, Hery Rajaonarimampianina, président de la République, a préféré consacrer une bonne partie de son discours de présentation des vœux à la nation, en malgache, à asséner des baffes à ses détracteurs.
Dans sa riposte, Hery Rajaonarimampianina a laissé entendre que les « hauts parleurs », critiques du pouvoir ne seraient pas des « patriotes ». Le locataire d’Iavoloha s’est permis de classer en trois catégories l’opinion malgache. La première qu’il qualifie de critiques stériles et la deuxième de cérébraux attentistes et hésitants à prendre des décisions. La troisième, selon le président de la République seraient « la catégorie de personnes qui aiment leur pays ».
D’après lui donc, cette dernière, consciente que « c’est un pays en perdition qu’il faut redresser, (…) ne souhaite pas seulement critiquer et n’hésite pas à tendre la main pour le développement du pays ». Sur sa lancée, le Président a affirmé que cette troisième catégorie rassemble « la majorité des malgaches ». Selon ses dires « une opinion majoritaire de moins en moins encline à jouer les dindons de la farce politicienne », et qui le soutiendrait. Pour motiver ses affirmations, le chef de l’État a soulevé la concrétisation des sommets internationaux malgré les assauts, les « dénigrements ».
Complaisance
Concédant que les débats politiques font partie de l’essence de la démocratie, Hery Rajaonarimampianina semble, pourtant, résumer les mots non-complaisants et les réprobations à « des propagations de rumeurs, de mensonges et de bâtons dans les roues ». Le locataire d’Iavoloha, dans sa logique qui assimile complaisance et « patriotisme », a même soutenu, hier, que le fait que pour « la majorité », d’avoir été imperméable aux « dénigrements » est « une participation au développement du pays ».
Les chefs d’institutions et même le deuxième vice-doyen du corps diplomatique, dans leurs allocutions successives ont, visiblement, souhaité donner l’exemple de la complaisance patriotique requise par le président Rajaonarimampianina.
Les ripostes présidentielles à ses détracteurs ne datent pas d’hier. Hery Rajaonarimampianina en a lancé à tout vent lors de ses multiples déplacements, l’année passée. Cette fois-ci, le chef de l’État a choisi la tribune de présentation des vœux, dans une allocution qui, comme il l’a souligné, « adressée à toute la nation car, retransmise en direct sur tous les médias nationaux », pour régler ses comptes avec ses « adversaires ».
Bien qu’il ait appelé à travailler ensemble pour le développement, les mots du locataire d’Iavoloha ont, par ailleurs, sonné d’un ton plutôt clivant. Tout en parlant de réconciliation nationale, le président de la République a écorché ses prédécesseurs en mettant, comme la plupart du temps, sur leurs dos, le problème énergétique qui plombe le pays.
« La vérité est que nous subissons les conséquences d’absence de vision à long terme dans ce domaine alors que le soleil, les cours d’eau et le vent étaient déjà là. Peut-être était-ce dû aux troubles politiques qui ont fait qu’il n’y a pas eu de continuité dans les projets », a lancé Hery Rajaonarimampianina. Pour enfoncer le clou, il a soutenu qu’« à aucun moment de son histoire, Madagascar n’a réuni des conditions aussi favorables qu’aujourd’hui pour se mettre sur l’orbite d’une émergence ». À l’entendre, les anciens chefs d’État n’ont fait que de la figuration.
Didier Ratsiraka réplique
La réponse de Didier Ratsiraka, ancien chef d’État, aux affirmations du président de la République, n’a pas tardé. Ayant été parmi les invités d’Iavoloha, hier, l’amiral retraité a répliqué à son hôte, dès sa sortie de la salle de cérémonie. Sur les dires de Hery Rajaonarimampianina que ses prédécesseurs n’avaient pas de vision à long terme en matière de politique énergétique, avec comme conséquence le délestage chronique actuel, l’homme fort de la 2e République a soutenu : « Ce sont encore les réalisations durant la colonisation et l’administration Ratsiraka qui soutiennent la vie énergétique à Madagascar jusqu’à maintenant. N’est-ce pas une vision à long terme ».
Pour riposter, à son tour, aux tacles du locataire d’Iavoloha, dont-il a été le bâtisseur, l’amiral à la retraite a avancé comme exemple le barrage hydraulique d’Andekaleka, ou encore, ceux de Volobe et Namorona. L’ancien Président, lui aussi, a, toutefois, écorché ses successeurs, en indiquant : « Il est probable que ceux qui m’ont destitué du pouvoir n’ont pas continué les projets que j’ai entamés ».
Garry Fabrice Ranaivoson