Le nonce apostolique explique la ligne diplomatique de l’église catholique. Selon Mgr Gualtieri, l’église doit être proche de la population, elle ne regarde pas de loin les problèmes de la société, mais agit.
Assumer. Mgr Paolo Rocco Gualtieri, nonce apostolique à Madagascar, a profité d’un point de presse annonçant le programme du cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Vatican durant son séjour dans la Grande île, pour expliquer la ligne diplomatique du Saint-Siège.
Devant la presse à l’épiscopat Antanimena, le prélat a soutenu que l’Église catholique doit être proche de la population, de ses difficultés et de ses souffrances. « L’Église ne regarde pas de loin (…) lorsqu’elle constate un problème, elle agit », soutient-il, en avançant comme exemple la médiation conduite par le Saint-Siège dans le rapprochement entre les États-Unis et Cuba, ou encore le rôle actif des évêques congolais dans la recherche de solution à la crise politique récente dans la République démocratique du Congo (RDC).
C’est ainsi que le nonce apostolique a remercié les évêques de Madagascar de ne pas rester apathique face aux problèmes de la société malgache. À entendre les explications du cardinal Gualtieri, le Saint-Siège adopte une ligne diplomatique active dans l’objectif « de lutter contre la pauvreté, de cultiver une paix et une stabilité durable, ainsi que de faire respecter les droits et les besoins fondamentaux de l’Homme ».
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Un point que le représentant diplomatique du Vatican n’a pas mentionné est l’implication poussée du Saint-Siège dans la lutte contre le changement climatique et la dégradation de l’environnement, depuis quelques années.
La ligne diplomatique de l’Église catholique semble être également celle qu’elle suit dans ses actions, dans la vie et la politique intérieure de l’État où elle est présente, si l’on considère les actions de cette confession, voire son influence dans les épisodes clés de l’histoire de la Grande île. Les prélats catholiques ont, systématiquement, été dans les médiations des crises ou de recherche de solution aux problèmes et blocages, souvent d’ordre politique.
Une implication qui a valu à cette confession de souvent s’attirer les foudres des critiques. Les avis acerbes, voire les remontrances de la conférence des évêques de Madagascar (CEM) sur la conjoncture nationale, parfois mal pris par certains acteurs de la société sont parfois estimés comme déplacés de la part d’hommes d’église. Les religieux catholiques qui n’ont pas hésité à appuyer des contestations villageoises contre des exploitations minières ayant défrayé les chroniques, l’année dernière.
Un rôle actif dans des mouvements que le pouvoir a pourtant étiqueté comme politisés, mais que ces hommes d’église ont défendu par la protection des droits, des intérêts, du bien-être de la population locale, ainsi que le souci de la protection de l’environnement. Des actions jamais récusées par le CEM et qu’elle soutiendrait même, au regard des lignes de ses déclarations de l’année dernière.
À entendre les explications de Mgr Paolo Rocco Gualtieri, à l’épiscopat, hier, l’Église catholique ne se cache pas et assume sa ligne diplomatique qui est, visiblement, ses règles de conduite en matière de politique intérieure. À l’instar du pape François qui, à chacun de ses déplacements, met l’accent sur les problèmes d’ordre local de ses pays hôtes, dans ses allocutions et même ses homélies, le cardinal Pietro Parolin pourrait également s’exprimer sur la situation nationale de Madagascar durant son séjour, notamment lors de la grande messe qui se tiendra au stade municipal de Mahamasina, dimanche.
Garry Fabrice Ranaivoson