Répondant à l’ambassadeur de l’UE à propos des présidentielles, le ministre Rakotovao invoque le respect des lois, suggérant une élection exhaustive.
À demi-mot. La réaction de Rivo Rakotovao, ministre auprès de la présidence, en charge de l’Agriculture et de l’élevage, président du parti « Hery vaovao ho an’i Madagasikara » (HVM), a été sollicitée par la presse hier, suite aux propos qu’auraient tenus Antonio Sanchez-Benedito, ambassadeur de l’Union européenne (UE), concernant la prochaine élection présidentielle.
En marge d’un événement présidentiel à Alakamisy Itenina, Fianarantsoa, le numéro 3 du gouvernement a mis en avant le respect des textes nationaux et internationaux. Selon le ministre Rakotovao donc, durant la Transition, l’Europe, sur la base de l’accord de Cotonou avait considéré les auteurs de la révolution Orange comme des « putschistes ». À lui d’ajouter que d’autres ont fait l’objet d’une « condamnation de justice par les tribunaux malgaches ».
Sur sa lancée, le chef de file de la formation politique au pouvoir a indiqué lors d’un entretien téléphonique, hier : « Le contexte des évènements et des jugements est un autre débat. Je n’y entre pas, ici il est question de principe, d’application des lois internes, comme internationales. Quand est-ce qu’elles sont appliquées et quand est-ce qu’elles ne le sont pas Il n’est nullement question d’avoir peur d’affronter qui que ce soit non-plus ».
Selon un confrère présent à Alakamisy Itenina, le ministre a déclaré que la loi interdit à ceux ayant des charges judiciaires de se présenter aux élections. Ce qui serait valable pour les « putschistes », à l’entendre.
« ni..ni »
Des mots qui pourraient s’adresser à Marc Ravalomanana, ancien président, jugé par contumace « coupable de complicité d’assassinat » sur les faits du 7 février 2009, et Andry Rajoelina, ancien président de la Transition, considéré par bon nombre de la communauté internationale comme « auteur de coup d’État ».
Durant un petit déjeuner de presse avec des responsables des rédactions de la capitale, mercredi, l’ambassadeur de l’UE, questionné par certains de ses invités, a notamment indiqué que la présidentielle devrait être « inclusive ». Que le contexte des élections de 2013 et 2018 était différent. Des mots estimés par certains journalistes comme une prise de position contre un nouveau « ni…ni », impliquant les anciens chefs d’État.
Cette mesure avait été décidée par la communauté internationale pour écarter Andry Rajoelina, Lalao Ravalomanana, actuelle maire d’Antananarivo et Didier Ratsiraka, ancien président, de la présidentielle de 2013, en vertu de l’apaisement du scrutin. L’ancien chef de la Transition ayant brisé son engagement de ne pas se présenter aux élections, en réaction à la candidature de l’ancienne première dame. Cette dernière et l’amiral retraité ont été évincés, au motif d’un article du code électoral, imposant une durée minimum de résidence dans le pays avant le vote, pour pouvoir être candidat.
Durant l’entretien téléphonique d’hier, le ministre Rakotovao a expliqué que sa réaction découle de ce qu’il a lu dans la presse. Quoi qu’il en soit, la réaction du président national du HVM risque de soulever de vifs débats, étant donné qu’en cette période pré-électorale, la principale crainte des camps Ravalomanana et Rajoelina est d’être confronté à un nouveau « ni…ni », décrété par le pouvoir. Durant les élections communales, Marc Ravalomanana, anticipant tout soubresaut, avait souligné que, comme il pouvait
voter, « cela signifie que je jouis de tous mes droits. Il n’y a donc plus lieu de débattre
sur ce sujet ».
Garry Fabrice Ranaivoson