Le chef de l’État a signifié qu’aucun incendie criminel impliquant éventuellement des agents de l’État ne saurait être laissé impuni. La police se défend farouchement.
L’épée de Damoclès suspendue au-dessus de la police nationale. « L’enquête est en cours pour ce qui est des villages brûlés à Antsakabary Befandriana-Nord. Aucun incendie criminel ne saurait être toléré, surtout s’il a été commis par des agents de l’État», a mis en garde le président de la République Hery Rajaonarimampianina à l’occasion d’une rencontre avec les étudiants et les entrepreneurs à Mahajanga avant-hier.
Bien que clouée au pilori par les sinistrés, le syndicat des magistrats de Madagascar, des gendarmes, des chefs fokontany, la députée de Befandriana-Nord ainsi que le clergé, la police continue à se défendre.
Dans un communiqué publié, ce jour, dans la presse écrite, le Ministère de la sécurité publique (MSP) dénonce des dessous politiques et accuse des groupes de personnes et différentes associations de propager des informations non vérifiées et de faire des déclarations visant à ternir l’image de la police nationale.
Dans la même insertion, la police soulève la responsabilité du chef district de Befandriana-Nord, mettant en avant que l’agent et le brigadier de police assassinés par la foule à Antsakabary, y ont été envoyés par le chef district.
Les deux policiers ont été dépêchés dans le fokontany de Tavenina à Antsakabary, pour procéder à l’arrestation d’un individu, poursuivi par son voisin pour avoir tué une cane.
Après l’arrestation, le brigadier et l’agent ont soupçonnés d’avoir racketté des villageois lors du contrôle de cartes d’identité nationales et d’autorisation de coupe pour des bois qu’ils ont retrouvés sur un individu.
Doute
Après que la rumeur ait fait le tour des environs, les deux policiers ont été tenaillés par la foule à la sortie du village d’Ambalamanga, où ils ont été lapidés et tués de plusieurs coups de couteau.
Leurs bourreaux ont fait main basse sur les munitions de leur kalachnikov et de leur pistolet automatique.
Outre les 40 policiers de Mahajanga et d’Antsohihy, soupçonnés d’avoir brûlé les villages, 13 éléments ont été envoyés depuis la capitale, dont des enquêteurs de la brigade criminelle et de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN). Cette dernière est saisie des méfaits contre lesquels des éléments de la police pourraient être incriminés.
Pour ce qui est du double meurtre de policiers, jusqu’à 400 personnes ont été arrêtées dans les villages réduits en cendres lors du passage sur place du peloton, mardi dernier. Conduits à pied jusqu’à Befandriana-Nord sur une longue route impraticable de 70 kilomètres, la plupart d’entre eux ont été relâchés en chemin. Ce jour, 31 personnes seront entendues devant le parquet à Antsohihy. Parmi elles figurent des présumés auteurs et commanditaires ainsi que des témoins.
L’enquête sur l’incendie criminel n’est pas encore abordée. Dimanche, une délagation gouvernementale conduite par le ministre de l’Aménagement du territoire Narson Rafidimanana s’est rendue à Antsohihy.
Andry Manase