Le chef du gouvernement a demandé au ministre Anandra de garder le silence sur l’affaire Befandriana-Nord. Il lui a aussi conseillé de ne pas publier d’informations qui ne sont pas sûres.
Remontrances publiques. À peine descendu de l’avion, Solonandrasana Olivier Mahafaly, Premier ministre, a « recadré », le contrôleur général de police Norbert Anandra, ministre de la Sécurité publique, sur sa gestion de l’affaire Befandriana-Nord.
De retour de Paris, dans la nuit de mardi, le locataire de Mahazoarivo a été accueilli par une forte délégation gouvernementale, dont, le ministre Anandra. Durant les échanges dans le salon VIP de l’aéroport d’Ivato, le chef du gouvernement a demandé au contrôleur général de police d’« arrêter » les conférences de presse et les déclarations sur les événements survenus à Antsakabary, commune rurale de Befandriana-Nord.
À celui qui a demandé à la presse de « bien recouper » les informations avant de les publier, le Premier ministre a, également, demandé de « bien vérifier » l’exactitude des comptes-rendus qui lui sont transmis avant de les rendre publics. Ce recadrage s’est fait devant tout le comité d’accueil présent, à Ivato. Le fait que le chef du gouvernement n’a pas pu se retenir de sermonner publiquement son ministre pourrait indiquer que la réaction « maladroite », de Norbert Anandra sur les événements d’Antsakabary, irrite les hautes sphères de l’État.
Jeudi dernier, l’information selon laquelle des éléments des Forces d’intervention de police (FIP), auraient été les responsables de l’incendie de 487 habitations réparties dans cinq villages, a été révélée par la presse. Le jour même, le ministre de la Sécurité publique et son secrétaire général ont tenu une conférence de presse.
Correction
Devant les journalistes, il a été déclaré qu’un « compte-rendu après vérification auprès de plusieurs sources », soutient que, seulement, « huit habitations », ont été incendiées et que l’auteur est « une aliénée mentale ». Des affirmations démenties par des habitants d’Antsakabary et des élus de Befandriana-Nord, ainsi que, par la gendarmerie et la magistrature. Ces propos n’ont, par ailleurs, eu d’effet que de déclencher la foudre de l’opinion publique contre la police nationale. Dans un communiqué publié dans certains journaux de la capitale, mardi, la police nationale a, pourtant, réaffirmé sa position en soutenant qu’il s’agissait de simples allégations dans le but de dénigrer cette entité et ayant des dessous politiques.
À propos du départ pour Paris, dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, le Premier ministre Mahafaly, ne s’est pas encore exprimé sur le sujet. Pour certains membres du gouvernement, étant le numéro 2 de l’Exécutif et à la fois ministre de l’Intérieur, c’était à lui de « corriger » cette maladresse de communication. En son absence, c’est son intérimaire, le ministre Narson Rafidimanana et les deux chefs militaires au sein du gouvernement qui ont, tant bien que mal, tenté d’apaiser le brasier social qui s’est déclenché à Antsakabary, en faisant une descente, à Antsohihy.
En tournée, à Mahajanga, Hery Rajaonarimampianina, président de la République, s’est, aussi, évertué à de nouveau évoquer la communication étatique sur cette affaire. Tout en gardant une certaine réserve, il a soutenu devant la presse que « l’enquête est en cours pour ce qui est des villages brûlés, à Antsakabary. Aucun incendie criminel ne saurait être toléré, surtout s’il a été commis par des agents de l’État ». L’envoi d’enquêteurs mixtes sur place a été communiqué, mardi.
Les remontrances d’Ivato pourrait, aussi, être une manière pour Solonandrasana Olivier Mahafaly, de réaffirmer son statut. Etant donné que certaines voix plaident pour une responsabilité collective du gouvernement et même de l’Exécutif sur cette affaire, la scène pourrait, également, être une manière d’indiquer qu’au même titre que les vindictes populaires, le pouvoir ne cautionne pas les éventuelles « exactions ». Pareillement pour la réaction du ministre Anandra qui tendait à colmater une voie d’investigation alors qu’aucune enquête n’a encore été ouverte.
Garry Fabrice Ranaivoson