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Disparition – Jean Emilien tire sa révérence

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Le champion du monde d’harmonica, Jean Émilien vient de nous quitter brusquement. Un autre grand musicien malgache de plus qui disparaît.

Jean Émilien Rakotonandrasana, est décédé dans la matinée du 5 avril 2017 à l’âge de 54 ans, suite à un arrêt de cœur en sa demeure sise à Itaosy. Né le 3 septembre 1963 dans la province de Fianarantsoa, au sud des Hauts plateaux malgaches, le défunt était un instrumentiste émérite qui, sous une modestie teintée d’humour jovial, cachait des talents qui, hélas, n’ont pas toujours été reconnus à leur juste valeur. Il était de ces grands artistes qui avaient plus de talent que de célébrité. « C’était l’homme qui a hissé haut le fanion de la Grande île via ses multiples talents de joueur de kabosy, de guitariste et surtout de joueur d’harmonica. Un bon vivant, jovial, et be resaka comme tout betsileo qui se respecte », annonce Rossy.
Son originalité a surtout été d’avoir fait connaître le « rija Betsileo » hors des frontières de Madagascar. Malgré les différents styles de musique existant à Madagascar, il a su garder ce rija, tout en le mariant avec les autres styles. Il y avait même rajouté quelques touches de rythmes vazaha dont le séga réunionnais et mauricien ou encore le reggae, et ultérieurement le rock, tels que « Hijanona an-tànana », « Beline » ou encore « Soa ny manankavana ». Joueur de kabosy et  d’harmonica, Jean Émilien était également un chanteur  hors pair, avec une voix incomparable très spéciale, nasillarde et très aigüe.
Depuis l’annonce de sa mort, de nombreuses personnalités ont exprimé leur tristesse. Les hommages ont afflué sur les réseaux sociaux.
Auteur, compositeur, chanteur, guitariste et joueur de kabosy, Jean Emilien Rakotonandrasana s’était fait remarquer à cinq ans, dans un concours de chants d’écoliers, par le chef de canton qui lui donne la pièce en douce pour qu’il continue à vocaliser. Son initiation musicale lui venait de son grand-père, lui-même enterré avec son
« jejy vaotavo ». Peu après, il fit ses gammes sur le kabôsy, dont il jouait en gardant les zébus pendant les vacances. Il découvrit l’harmonica avec un musicien accompagnant les élèves de son instituteur de père, en jouant des airs du folklore malgache. Jean Émilien avait surtout été découvert par le public d’Antananarivo, lorsqu’il s’est produit pour la première fois au cinéma Kanto, en 1983. À l’époque, le public lui avait même lancé des pièces de monnaie enveloppées de billets de banque. C’était sa première consécration, malgré quelques petites scènes par-ci par-là, depuis qu’il a décidé d’élire domicile dans la capitale pour enregistrer à la radio nationale malgache, en 1982, sa chanson « Maitso Malama ».

Champion
Jean Emilien se distinguait par son étonnant jeu d’harmonica, qui lui avait valu d’être comparé à Robert Johnson, le père du blues et référence de John Lee Hooker et d’Eric Clapton. Au concours Hohner 1991 d’harmonica à Détroit aux États-Unis, il a obtenu la médaille d’or et le diplôme de Champion du monde d’Harmonica.
Depuis hier, sa dépouille mortelle est veillée en son domicile à Itaosy. Une chapelle sera érigée au Palais des sports Mahamasina après une messe de recueillement à l’Ecar de Bemasoandro, et avant un passage par Fianarantsoa, vendredi. L’inhumation se fera dans son caveau familial à Andringitra, ce samedi.

Sitraka Rakotobe


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