Le Syndicat des magistrats de Madagascar (SMM) affirme que la déclaration du ministre de la justice n’engage que lui et non le corps des magistrats.
Désaveu. Dans une déclaration faite, hier, à la Cour suprême, à Anosy, le Syndicat des magistrats de Madagascar (SMM), a soutenu : « Quand le ministre de la Justice a fait cette déclaration, il a exposé ses opinions et non celles des magistrats malgaches ».
Une phrase qui isole donc, les arguments de Charles Andriamiseza, ministre de la Justice, de celui du corps de la magistrature, concernant les conditions légales de la garde à vue de Claudine Razaimamonjy, opératrice économique, par le Bureau indépendant anti-corruption. Une position prise durant une conférence de presse, à son bureau, mercredi, à 22 heures 30, où le garde des sceaux a réclamé soit la « libération » de la baronne du parti au pouvoir, ou que son dossier soit transféré à la justice car, le délai de 48 heures pour la garde à vue était écoulé. Une demande sans fondement selon le Bianco qui argue que l’enquêtée est sous la coupe d’une « nouvelle garde à vue ».
Quoi qu’il en soit, la réaction du ministre de la Justice a scandalisé une grande partie de l’opinion publique. Lors d’une rencontre avec la presse à son bureau, à Tsimbazaza, hier, maître Hanitra Razafimanantsoa, vice-présidente de l’Assemblée nationale, a déclaré que le garde des sceaux « est le garant de la justice et de l’État de droit ». Selon elle, cette acception a été bafouée car, « le ministre de la Justice n’est plus garant de la Justice puisque lui-même fait pression sur une institution indépendante ».
Intervention et pression
À maître Razafimanantsoa d’ajouter : « Je n’entrerais pas dans les débats sur la culpabilité ou non de la personne. Seulement c’est la première fois qu’un ministre de la Justice se dresse pour demander la libération d’une personne enquêtée. Quel que soit le vice de procédure ou le vice de forme c’est à l’avocat de dénoncer ce qui cloche dans le dossier, surtout, lorsqu’il s’agit de droit à la défense (…) plusieurs cas de détention arbitraire ont été constatés dans ce pays mais, personne, à part les avocats, ne les ont dénoncés ».
La déclaration faite à la presse par le Syndicat des magistrats, hier, est dans le but de préserver l’image de la Justice et d’affirmer son indépendance, ainsi que des entités destinée à faire respecter les lois dont, le Bureau indépendant anti-corruption (Bianco), dans le contexte actuel. Le SMM réclame ainsi, l’application des textes garantissant « la totale indépendance du Bianco et de la non-intervention du pouvoir Exécutif et de la Justice tant qu’une affaire est encore au stade d’enquête au niveau de cet organe ».
Le SMM affirme alors s’opposer à toute forme « d’intervention et de pression », dans le dossier Razaimamonjy et toute forme de violence contre les employés et responsables de l’administration publique et les entités connexes. « Le Syndicat souligne son opposition à la forme d’ingérence dans les enquêtes, comme c’est le cas avec le Bianco, actuellement », a été déclaré, hier. Ayant, également, convié les journalistes à une conférence de presse, hier, à Ambohibao, Jean Louis Andriamifidy, directeur général de l’organe anti-corruption a parlé d’« atteinte à son indépendance ».
Selon le numéro un du Bureau d’Ambohibao, « je n’ai pas reçu de pression directe mais, la situation actuelle, entrave l’indépendance du Bianco. Il faut laisser les enquêteurs faire leur travail dans un contexte apaisé ». Outre l’entrée en scène du ministre de la Justice et les multiples manœuvres des autorités politiques partisans du boss de l’A&C hotel, des « gros bras », ont tenté une manœuvre d’intimidation, dans la nuit de mercredi, en jetant des bouteilles de bière et des briques sur les grilles du Bianco.
Garry Fabrice Ranaivoson