Le SMM a tenu une assemblée générale extraordinaire, hier. Les magistrats revendiquent l’indépendance de la Justice et de l’État de droit.
Solidarité. C’est la manière privilégiée par les magistrats pour avoir gain de cause dans la revendication d’une réelle indépendance de la Justice et la concrétisation de l’État de droit. Ces deux principes ont été soulignés et réclamés par le Syndicat des magistrats de Madagascar (SMM), hier dans une déclaration faite à la presse pour conclure l’assemblée générale extraordinaire qu’il a tenue dans les locaux de la Cour suprême.
Reprenant les mots de Hery Rajaonarimampianina, président de la République, en marge de l’inauguration de l’École primaire publique (EPP) Andrefan’Ambohijanahary, rénovée jeudi, qui affirme la priorisation des actions étatiques pour le
développement du pays, le SMM a déclaré : « (…) nous, Syndicat des magistrats de Madagascar, partageons les mêmes visions qui doivent se faire dans le strict respect de l’État de droit et le respect de l’indépendance de la Justice, les seuls garants d’une stabilité et d’un véritable levier de croissance ».
Rappelant les termes de la Constitution, Clément Jaona, vice-président du SMM, a soutenu que « le président de la République est le garant de l’indépendance de la Justice. Il doit être le premier à se dresser pour le défendre ». La loi fondamentale dispose que le chef de l’État préside, à cet effet, le Conseil supérieur de la magistrature (CSM).
Dans sa déclaration, et en réponse aux questions des journalistes, le Syndicat se défend de « s’acharner sur une personne », en référence à l’affaire de corruption impliquant Claudine Razaimamonjy. « Nous nous acharnons à revendiquer la restauration de l’État de droit à Madagascar, jusqu’à ce que chacun prenne ses responsabilités », affirme toutefois la déclaration lue à la Cour suprême Anosy.
Dénonciation publique
Bien que le SMM ait visiblement voulu quelque peu détacher sa sortie du dossier Razaimamonjy, il semble que le sujet en a été le déclencheur. « Les faits qui se sont déroulés récemment nous ont amenés à tenir cette assemblée générale et à vous y convier. Ce qui s’est passé, c’est que l’on a donné des ordres à la Justice, l’obligeant à faire toutes sortes de choses. À l’heure où nous parlons, nous-mêmes ne savons pas si l’action judiciaire sur ce qui s’est passé dans le pays est toujours en cours ou non », a soutenu Fanirisoa Ernaivo, présidente du Syndicat.
La chef de file du SMM a ajouté que « la paralysie du système judiciaire pour favoriser l’impunité d’une catégorie de personnes est déjà une atteinte à l’indépendance de la Justice. Pareillement pour ce qui est de l’obliger à enfreindre la loi ». Les magistrats ont par ailleurs, soutenu, durant leur déclaration d’hier, faire une levée de boucliers concernant les assauts contre leur corps, surtout les membres du bureau du Syndicat.
« Nous userons de toutes les dispositions et moyens légaux à notre disposition pour nous défendre contre les tentatives de représailles, les dénigrements et toute autre tentative d’attaque personnelle à cause de notre engagement dans la défense de l’indépendance de la Justice », a été déclaré face à la presse. Pour faire valoir cette indépendance, il s’est créé une coordination entre le SMM et le CSM dont certains membres ont participé à l’assemblée générale d’hier, à la Cour suprême.
Pour marquer cette solidarité qui « est la principale arme pour défendre l’indépendance de la Justice et du magistrat », selon le bureau du SMM, la déclaration d’hier soutient qu’« une organisation sera faite au niveau de toutes les juridictions, pour dénoncer publiquement toute immixtion dans les procédures et revendiquer le respect de l’indépendance de la Justice ». Une dénonciation qui pourrait se faire sous la forme d’un sit-in, début mai,
d’après les indiscrétions.
Garry Fabrice Ranaivoson