Le torchon brûle entre le ministre de l’Éducation Nationale et les Musulmans. Ces derniers comptent effectuer des mouvements de contestation plus étendus.
Une vive tension entre le ministère de l’Éducation nationale (MEN) et les Musulmans. La rencontre entre les deux parties, qui s’est tenue mardi, au siège du MEN à Anosy, ne semble pas avoir apaisé la tension chez les Musulmans, après la déclaration du ministre Paul Rabary sur « l’interdiction d’ouverture d’école coranique à Madagascar et le retrait des autorisations d’ouverture déjà délivrées » à Mahajanga, le 21 avril. L’intervention du ministre sur la radio Antsiva, hier, a encore envenimé la situation. « Nous nous sommes mis d’accord de n’émettre aucun avis sur le sujet, avant sa descente dans une école confessionnelle musulmane, lundi, lors de laquelle il a prévu faire une autre déclaration. Mais il n’a pas respecté cet accord», s’exprime en premier lieu, Alain Abou Bakary, porte-parole du cercle de réflexion inter-musulmane.
Cette rencontre a eu pour objectif d’éclairer cette déclaration du ministre, ayant engendré du mécontentement chez les Musulmans. « Nous allons d’abord effectuer un droit de réponse sur la même chaîne, demain (ndlr : ce jour). Nous envisageons aussi d’effectuer un mouvement plus étendu», poursuit le porte-parole.
Ce qui agacerait ces Musulmans, serait « l’intention du ministre ». « Il a bel et bien l’intention de fermer toutes les écoles coraniques à Madagascar. Il n’a pas le droit d’y intervenir car ce n’est pas de son domaine », rajoute Alain Abou Bakary, pour parler des « écoles de vendredi », chez les Musulmans. « Nous avons pleinement le droit d’apprendre le Coran à nos enfants », avance ce porte parole du cercle de réflexion inter-musulmane.
Intention
Le ministre Paul Rabary, quant à lui, ne change pas sa version. «Je ne parle nullement pas des écoles confessionnelles musulmanes, et non moins des écoles de religion dans les mosquées, étant donné que je n’y ai aucun pouvoir. Je parle de ces établissements scolaires qui dispensent plus de cinq heures de cours de Coran, par semaine à leurs élèves. La législation malgache ne le permet pas et je suis là pour appliquer les règles», souligne-t-il. Il rajoute par ailleurs, « quand je parle de retirer l’autorisation d’ouverture d’un établissement scolaire, je ne vais pas avoir recours aux forces de l’ordre pour clouer les portes des établissements. C’est une mesure administrative. Nous attendrons la fin de l’année scolaire pour retirer leur autorisation d’ouverture. Les parents d’élève auront le choix après d’y inscrire leurs enfants ou pas, mais ces établissements ne pourront pas présenter de candidats aux examens officiels», renchérit le ministre, tout en précisant que les écoles musulmanes devraient avoir une direction nationale, pour faciliter la discussion entre le ministère central et les écoles confessionnelles musulmanes.
Seize écoles primaires « à tendance coranique », sont concernées par cette décision du MEN. Trois sont localisés dans la région de Boeny, six dans la région de Vatovavy Fitovinany et sept dans la région du Diana. Depuis cette déclaration de Paul Rabary, les réactions de contestation et de mécontentement des Musulmans prennent de l’ampleur.
Miangaly Ralitera