Abattu par la police, un individu a été ensuite brûlé à Ikalamavony. Il est soupçonné d’avoir été parmi des villageois qui ont tiré sur des policiers.
Un fait, deux sons de cloches. Une intervention policière suscite des chahuts à Fanatoha, dans la commune de Solila Ikalamavony. Tombé sous les balles de treize éléments de la Force d’Intervention de la Police (FIP) de la province de Fianarantsoa, un suspect a été brûlé avant-hier, en fin de matinée. «Le défunt a été abattu, Kalachnikov à la main. Ses trois comparses s’en sont emparé pour continuer leur fuite. Alors nous avions engagé une poursuite aux côtés du fokonolona, une cinquantaine de villageois est restée sur les lieux de la fusillade. La famille de l’individu ayant trouvé la mort est venue récupérer le corps mais la foule s’y est fermement opposée. Le fokonolona n’y était pas allé de main morte. Il l’a jeté sur un brasier», relate l’officier de police Denis Rolland Rafanantenantsoa, commandant de la FIP à Fianarantsoa.
Alors qu’il défend bec et ongles l’intervention de ses éléments, des personnes sur place les accusent ouvertement d’avoir sciemment abattu le suspect, pour ensuite mettre la dépouille au bûcher. «Des individus ayant des liens de parenté avec le suspect mis hors d’état de nuire, ou encore des intérêts à défendre dans cette histoire, mènent une campagne de désinformation. Celui qui tire les ficelles est déjà identifié. Il fera l’objet de convocation», martèla le commandant des FIP.
La genèse de cette affaire épineuse remonte au mois de mars. Dès le début, les versions de la police et celles de certains villageois sont contradictoires. La FIP souligne que ses policiers expéditionnaires ont été dépêchés à Solila Ikalamavony à la mi-mars pour appuyer des enquêteurs de la police judiciaire, réquisitionnés par le tribunal pour arrêter et conduire devant le parquet neuf individus incriminés dans un vol de sept cents têtes de bovidés. Portant nombreux étaient les villageois de Marozaza qui les avaient accusés
d’être les complices d’un adjoint au maire, accusé d’avoir fomenté toute une malversation visant à s’emparer de leur troupeaux. Des différends de cohabitation en seraient à la base. Selon la gendarmerie, l’adjoint au maire s’est déjà adressé au poste avancé de Solila, mais celui-ci s’est gardé de s’embarquer dans le subterfuge, amenant le plaignant à se rendre à Fianarantsoa pour saisir la police.
Incendies criminels
À leur arrivée à Marozaza en mars, le peloton de quatorze policiers venu exécuter le soit transmis (NDLR: Réquisition du tribunal) a eu affaire à un fokonolona prêt à en découdre. Repoussée par un déluge de feu, la police a battu en retraite pour ensuite revenir à la charge. C’est un village déserté par ses habitants qui attendait les hommes de la FIP lorsqu’ils sont revenus pour frapper d’une main de fer. En tout cas, les faits sont là, une dizaine d’habitations en dur ont été incendiées. Alors que les sinistrés accusent les policiers d’avoir mis le feu à leurs demeures, la FIP renvoie la balle à des villageois en conflit avec les premiers. «Pendant que nous remontions la piste des individus qui nous avaient accueillis dans une salve de coups de feu, les incendies criminels ont été perpétrés», se disculpe l’officier Denis Rolland Rafanantenantsoa.
Lors de cette opération, quatre des neuf suspects, objet de mandat d’emmener, ont été appréhendés et trois d’entre eux ont été placés en détention préventive après instruction.
Après ces heurts, un autre soit transmis, portant arrestation de l’individu abattu, a été émis. Le défunt est soupçonné d’avoir été parmi les personnes qui se sont heurtées de plein fouet à la police à la mi-mars. Une douzaine d’éléments de la FIP s’est alors dépêchée à Fanatoha, pour exécuter le soit-transmis, mais l’arrestation a viré à l’homicide.
Seth Andriamarohasina