Exportées illicitement, trois cent trente tortues endémiques de la Grande île ont été interceptées en provenance de l’aeroport d’Ivato selon les douanes malaisiennes.
La contrebande de tortues en voie d’extinction et endémiques de Madagascar continue de plus belle. Avant-hier, trois cent trente Astrochelys Radiata ainsi que des tortues à soc, très rares et parmi les espèces les plus protégées sur la planète, ont été interceptées in extremis à l’aéroport international de Kuala Lumpur en Malaisie, a révélé l’AFP. Les trafiquants ont essayé de dissimuler soigneusement les reptiles dans cinq grandes caisses, sans pour autant réussir à tromper le flair des fonctionnaires des douanes. La cargaison a été interceptée lors de fouilles effectuées dans la zone de fret. Le trafic a tourné court suite à des renseignements fournis par des informateurs civils. Sitôt mis au parfum de la contrebande, les douaniers ont passé au peigne fin la zone où les colis ont été entreposés. Les inspections qu’ils ont effectuées se sont avérées payantes. Toutes les tortues étaient encore en vie lorsqu’ils ont découvert le pot-aux-roses.
Dans un communiqué publié hier, les douanes malaisiennes indiquent que ces animaux seraient arrivés sur un vol d’Etihad en provenance d’Antananarivo.
Rocambolesque
Néanmoins, une source auprès de l’aéroport international d’Ivato souligne pour sa part qu’il n’y a pas de vol direct ralliant Madagascar à la Malaisie. La cargaison a très probablement fait escale aux Seychelles, avant d’être embarquée sur une correspondance pour Kuala Lumpur.
Le risque que la contrebande soit mise à nue lors des correspondances est certes accru mais c’est le seul moyen pour les malfaiteurs. «L’Asie du Sud-Est est une destination de choix pour les trafiquants du fait qu’une tortue s’y négocie par milliers de dollars sur le marché noir d’animaux de compagnie», relève ce douanier.
Son analyse ne fait pas fausse note à la déclaration d’Abdul Wahid Sulong, directeur adjoint auprès des douanes à l’aéroport international de Kuala Lumpur, qui estime à 276 800 dollars, soit plus de huit cent soixante-dix millions d’ariary, la valeur des tortues saisies.
«Elles étaient peut-être destinées au marché local, peut-être à la réexportation. Nous avons ouvert une enquête», conclut-il sur cette même lancée.
L’importation d’espèces menacées est pénalement répréhensible selon la législation malaisienne. C’est un acte qualifié de délit de droit commun, passible de trois ans de réclusion.
En tout cas, cinq caisses pleines de trois cent trente précieuses tortues endémiques de la Grande île sont sorties de façon rocambolesque de l’aéroport, probablement celui d’Ivato, par des moyens qui laissent rêveur, à moins que les fonctionnaires des douanes, de la police de l’air et des frontières ainsi que la gendarmerie, qui prétendent avoir un droit de regard une fois au tarmac, n’avaient la poudre aux yeux.
Andry Manase