Le département d’État américain a publié son rapport annuel sur l’état des droits de l’Homme dans les pays du monde. Concernant Madagascar, le règne de l’impunité est souligné.
Problématique. Tel est le point de vue du département d’État américain sur le niveau d’impunité, à Madagascar. Cette entité a publié son rapport annuel sur la situation des droits de l’Homme et des libertés fondamentales dans les pays du monde, pour l’année 2016.
Selon le document de vingt-sept pages qui traite du respect des droits humains dans la Grande île, « parmi les abus des droits de l’Homme les plus importants, il y a l’incapacité du gouvernement à assurer un État de droit, résultant à la corruption et l’impunité ainsi que des abus venant des forces de l’ordre ». Le résumé analytique du rapport termine sur la note que « le gouvernement punissait ou poursuivait rarement les responsables de ces abus et l’impunité demeure un problème ».
Une nouvelle fois, le rapport du département d’État américain n’est pas tendre envers Madagascar. Des cas d’atteintes aux droits humains tels que les conditions carcérales difficiles, le manque d’indépendance judiciaire, la discrimination sociétale, les violences contre les femmes, ou encore, les abus sur les enfants et les traites de personne ont, encore, été mis en exergue.
Les faits qui ont défrayé la chronique, depuis le dernier semestre de l’année 2016, que sont les vindictes populaires n’a pas échappé aux radars du rapport. « La justice populaire est survenue tant en milieu rural qu’urbain, en grande partie à cause de la criminalité et du manque de confiance du public dans la police et la justice. (…) Les autorités ont parfois arrêté les auteurs mais, la crainte de faire ressurgir la colère a entravé l’efficacité de la poursuite », rapporte le département d’État.
Le document narre, notamment, un cas survenu, à Maroantsetra.
Contrôle
Un éleveur accusé d’avoir participé au lynchage d’un présumé voleur de zébu, avait été relâché pour apaiser une foule en furie qui a réclamé sa libération. En réponse à la prolifération des vindictes populaires, les responsables étatiques et judiciaires affirment comme mesure l’assainissement et l’autorité pour reconquérir la confiance de la population. L’intransigeance dans l’application des lois contre les auteurs de lynchage est, également, martelée par les tenants du pouvoir.
Dans la liste des atteintes aux droits humains énumérées dans son rapport, le département d’État épingle, par ailleurs, « les assassinats arbitraires », et les abus des forces de l’ordre. « Par moments, les autorités civiles ne maintenaient pas de contrôle effectif sur les forces de sécurité », rapportent les lignes du document. Le rapport soulève des cas d’exactions et parle même d’« homicides arbitraires ou extrajudiciaires de suspects criminels », perpétrés durant les missions de lutte contre les voleurs de bovidés.
« Bien que le gouvernement ait promis d’enquêter sur de nombreuses prétendues exécutions de représailles, en 2015, aucun résultat de ces enquêtes n’a été rendu public », soutient le département d’État américain. Pour dénoncer l’usage excessif de la force par les forces de l’ordre dans certaines situations, sur la base d’allégation de crime ou « simplement comme moyens de coercitions », le rapport rappelle le cas de Jean-Pierre Randrianamboarina, ancien meneur de grève estudiantine, en 2015.
« Dans la plupart des cas, les enquêtes annoncées par les officiers des forces de l’ordre ne résultaient pas à des poursuites (…) [ou] il n’y avait pas d’information disponible concernant les sanctions appliquées », affirme le rapport. Questionné sur l’issue de l’enquête ouverte concernant le passage à tabac du meneur de mouvement estudiantin, le général François Rodin Rakoto, commandant de la gendarmerie nationale de l’époque, avait soutenu devant la presse qu’au sein des bérets noirs, les sanctions prononcées ne se révèlent pas au public.
Garry Fabrice Ranaivoson