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La couronne et la République

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Le mot « Fanjakana » désignait avant la colonisation la Royauté. Durant la colonisation, elle désignait la force coloniale qui a vaincu les rois et reines et qui est alors devenue le nouveau maitre des terres et des hommes. Durant la longue période royale, il faut savoir que ce ne fut nullement le chaos du pouvoir incontestable des rois et reines. En Imerina par exemple, on pourrait parler d’une certaine forme de démocratie. Traditionalistes, historiens, anthropologues pourraient en parler plus scientifiquement, mais cela n’empêche en rien à nous autres amateurs d’avancer nos petites théories.
Au temps du royaume merina, le système de prise de décision n’était nullement dans le sens du « top-down ». Un mécanisme de
récolte de la voix du peuple existait bel et bien.
Au niveau des hameaux, les « fokonolona » faisaient un travail de fond pour se consulter et pour connaître les avis et recommandations des uns et des autres. Puis, ils sont rapportés par des représentants élus. À un second niveau, ces représentants ont des interlocuteurs qui portent leurs voix lors des rencontres avec le roi ou la reine. Ces derniers font part de leur point de vue et écoutent ce que le peuple a à dire. Par la suite, ils font une convocation des représentants du peuple pour faire part de leurs décisions. Puis les discussions et les décisions sont rapportées à chaque village. « Nul n’est censé ignorer la loi », à cette époque, cela avait tout son sens car chacun ne pouvait pas ne pas être informé.
Actuellement, le mot « Fanjakana » est utilisé pour désigner l’administration de la République. Par simple déduction, les tenants du pouvoir administratif sont donc des « mpanjaka » (les rois). Pour mieux faire passer la pilule, vient la notion de « raiamandreny » qui signifie « père et mère » qui est également très utilisée pour désigner les dirigeants. Ainsi, en plus d’être des rois qui ont le pouvoir extrême, les dirigeants sont aussi des parents du peuple. Ces deux notions sous-entendent qu’ils ne peuvent et ne doivent pas être inquiétés dans leur manière de gérer la Nation. Sauf que durant l’ère royale, le roi et la reine savaient pertinemment qu’ils ne dureraient et ne seraient acceptés qu’à condition que le peuple soit rassasié et apaisé. De notre temps, c’est tout à fait le contraire. Le dirigeant ne peut durer en tant que « fanjakana » qu’à la seule condition d’affamer le peuple, d’attiser l’insécurité pour que la grande majorité ne puisse plus penser qu’à sa propre survie. Si les rois garantissaient que son peuple soit « mandri­fahalemana » (dort en paix), actuellement les nouveaux
rois garantissent le « mandry fotsy » (dort le
ventre vide).
La campagne pré-électorale a été lancée il y a bien longtemps. Les petits princes ou anciens rois ont mis en marche la machine de la commu­nication pour préparer les esprits et pour attiser petit à petit les feux de la guerre politique. Un certain Robert Mugabe a dit un jour : « Vous mettez une couronne à un singe, et vous pensez en faire un roi ». On ose à peine discutailler au sujet du singe. Finalement, quel type de roi veut-on  ?

Mbolatiana Raveloarimisa


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