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Serge Thierry Tsitoara –« Le CEPE est un goulot d’étranglement »

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Les résultats de l’examen du CEPE suscitent des critiques. Le ministère de l’Éducation nationale donne de plus amples informations sur l’examen et l’utilisation du chat bot dans la gestion des résultats.

• Le taux de réussite à l’examen du CEPE n’a cessé de chuter ces dernières années. Comment est ce que vous l’expliquez  au niveau du ministère de l’Éducation nationale ?
– Nous ne pouvons pas encore confirmer si le taux de réussite au CEPE a augmenté ou a baissé. Il y a encore dix sept circonscriptions scolaires (Cisco) qui ne nous ont pas communiqué leurs résultats. Et sur les quatre vingt-dix sept Cisco qui les ont déjà envoyés, ceux des trente-deux sont encore partiels. Dans les grandes villes, qui affichent un grand nombre de candidats, le taux de réussite moyenne est de 58,65% cette année, contre 60%, en 2016. Mais cela peut encore changer, au fur et à mesure que les résultats se complètent.
Mais si le taux de réussite baisse, les raisons pourront être, entre autres, la hausse de la qualité de l’éducation. Nous avons besoin de connaître le niveau réel des élèves. C’est à partir de cette évaluation nationale que nous pouvons le mesurer. La hausse du nombre des élèves de la classe de 8ème qui ont participé à cet examen y est, également, pour quelque chose. Les rumeurs qui circulent, sur la suppression du CEPE, ont incité les parents à les présenter. Évidemment, la chance est mince pour eux.

• La compétence pédagogique des enseignants est maintes fois critiquée. N’est-ce pas le facteur principal de ce mauvais résultat ?
– La compétence pédagogique des enseignants n’est plus à discuter. Certains ont été formés sur la pédagogie, d’autres non, notamment, les enseignants payés par les parents d’élèves (FRAM). Il y a peut-être des lacunes mais le ministère de l’Éducation nationale ne reste pas les bras croisés. Des mesures ont été prises. Durant ces trois dernières années, nous avons fait de notre mieux pour améliorer leur niveau, en effectuant des formations continues pendant les vacances scolaires. Par ailleurs, nous effectuons une formation à distance, pour que les enseignants puissent assurer leur fonction et bénéficier de nouvelles connaissances, en même temps. C’est possible, grâce aux nouvelles technologies et au regroupement. Les résultats devraient être palpables, dès l’année scolaire prochaine. Il y a également une évaluation des acquis scolaires. En partant de la base de données de l’examen, nous pouvons analyser sur quelles matières doit-on travailler plus dans telle ou telle Cisco. La Cisco est dotée de l’outil dont elle a besoin pour transmettre les connaissances.

« Le chat bot est un assistant virtuel capable de discuter avec l’utilisateur. »

• Des parents se sont plaints de la difficulté des sujets donnés pour cette année. Les candidats ont-ils été préparés à cela ?
– Les sujets d’examen n’ont pas changé autant que çà. Il est important de noter que ce sont les enseignants qui les ont élaborés. Les sujets qu’ils ont proposés ont été, par la suite, filtrés à différents niveaux. Il appartient, à la fin, au ministère central de faire le choix. Mais ce qu’il faut retenir, c’est que ces sujets proviennent des enseignants. Ils savent bien de quoi leurs élèves sont capables. Le système de notation n’a pas été modifié par
rapport aux sessions précédentes. Certains avancent qu’on n’a accordé de points qu’aux bonnes réponses. Mais non, le candidat qui a trouvé la démarche a bénéficié d’une note.

Serge T

• Le refus des candidatures des élèves n’appartenant pas à la classe d’examen a déjà été évoqué au sein de votre ministère. Pour quelle raison n’est-il pas effectif ?
– C’est difficile! Nous avons voulu apporter du changement, car nous estimons logique que seuls ceux qui sont en classe d’examen peuvent se présenter aux examens officiels. Nous avons effectué des sensibilisations. Malheureusement, beaucoup de parents ont été contre, pour des raisons et d’autres. En cette session 2017, par exemple, il y a des candidats de 8 ans qui vont participer à l’examen du BEPC. C’est le choix des parents.

• Le faible taux de réussite signifie redoublement. N’y a-t-il pas de risque d’abandon scolaire ?
– Comme je l’ai dit tout à l’heure, le taux de réussite de cette année ne s’éloignera pas de celui de 2016, si on suit la tendance actuelle. Donc, ce qui s’est produit l’année dernière se reproduira cette année. C’est exactement pour cela que la réforme du système éducatif est mise sur l’application de l’éducation fondamentale de 9 ans. Il a été constaté que le CEPE est un goulot d’étranglement. Des élèves des zones rurales ne réussissent pas l’examen et sortent du système éducatif. Et même s’ils réussissent, leurs parents les déscolariseront quand même, car c’est leur principal objectif. Si l’éducation fondamentale est élargie jusqu’à 9 ans, chacun fera de son mieux pour achever ces 9 ans. En 2016, plus de 49% des candidats n’ont pas réussi l’examen. Certains d’entre eux ont sûrement abandonné le banc de l’école. C’est pour y remédier que nous allons suspendre l’examen du CEPE.

• Quand est-ce que l’annulation du CEPE sera effective ?
– Il y aura une période transitoire pour que tous soient préparés. Cet examen aura encore lieu en 2018, puis en 2019. Ce sera en 2020 qu’il sera probablement supprimé.
Force est de souligner qu’il y aura toujours des évaluations tout au long de ces 9 ans. Des évaluations formatives au niveau du sous cycle et des évaluations sommatives entre deux sous cycles.

• Le ministère s’est-il préparé à la hausse des infrastructures pour accueil­lir tout ce monde ?
– Les infrastructures sont mentionnées dans le plan sectoriel de l’éducation (PSE). Il faudra construire aux environs de onze mille cinq cent salles de classe autour de 3 ans. C’est l’objectif à atteindre pour rendre effective l’éducation fondamentale de 9 ans, car l’école primaire publique et le collège d’enseignement général seront fusionnés. Les ressources proviendront de l’État et des partenaires. Des plans de construction sont déjà établis dans le PSE.
• Revenons à l’examen. Cette année, le MEN a utilisé le chat bot pour faciliter le regard du résultat de l’examen du CEPE. Expli­quez nous ce système.
– Le chat bot est un assistant virtuel capable de discuter avec l’utilisateur et de répondre à sa requête. Grosso-modo, c’est un robot informatique. Il est très utilisé par les entreprises privées dans les pays occidentaux. Pour le moment, très peu d’administration publique ont recours à ce système. Barack Obama l’a utilisé en 2016, pour discuter avec le peuple américain. À Madagascar, j’estime que notre ministère est l’un des premiers à l’utiliser. Nous l’avons utilisé dans la gestion des résultats du CEPE. L’idée est née du programme international de leadership des visiteurs (IVLP), financé par le département d’État des États-Unis, et auquel j’ai pu participer grâce à l’ambassade américaine à Madagascar. Je tiens à la remercier, exceptionnellement. C’est suite à ce programme que m’est venue l’idée de lancer ce système pour la gestion des résultats du CEPE.

• Quels ont été les résultats obtenus ?
– C’est une réussite totale. En une semaine seulement, cent dix mille personnes l’ont utilisé, contre vingt mille, en termes de SMS. Ce système sera aussi utilisé pour la gestion des résultats du BEPC. Des améliorations sont, toutefois, à apporter.

• L’utilisation du Chat bot se limitera-t-elle à la gestion des résultats d’examen ?
– Sûrement pas. Toutes les données du ministère à caractère public seront accessibles sur ce chat bot. À l’instar du suivi des dossiers d’avancement, et d’affectation. Vous savez qu’il y a des enseignants des zones rurales qui viennent en ville, seulement, pour faire le suivi de leurs dossiers   Il sera, par ailleurs utilisé pour répondre aux questions récurrentes sur les vacations, les subventions, le calendrier scolaire, ainsi de suite.

Propos recueillis par Miangaly Ralitera


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