Ils avaient promis que les délestages seraient terminés à la mi-octobre. Ils avaient confirmé, il n’y a pas si longtemps, devant les nouveaux groupes de la centrale thermique d’Antanandrano, que les délestages ne seraient plus qu’un vieux cauchemar. Mais il n’en est rien. Les coupures de courant ont continué, et ont même duré un bon bout de temps, hier.
La Jirama a beau avoir les machines de production d’énergie les plus puissantes, si elle n’a pas les moyens d’acheter les carburants pour les faire marcher, celles-ci ne produiront que du noir. Hery Rajaonarimampianina avait promis un appui de l’État pour l’achat du gas-oil, mais comme la plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a, l’État non plus ne peut offrir ce qu’il n’a pas. L’argent, l’État n’en a pas. Du moins, pas suffisamment pour satisfaire uniquement 14% de la population, ceux qui ont accès à l’électricité s’entend.
Bien sûr, les carburants vont bien finir par arriver à Antanandrano. Mais en attendant, l’état essaie de gagner du temps pour en faire de l’argent. Il y a eu une coupure de courant hier dans certains quartiers. Il y en aura peut-être une autre demain. Mais il n’y en aura pas pendant un certain temps après. Puis, il y en aura une autre, suivie d’une autre, avant de ne pas y en avoir pendant quelques jours encore.
Puis, la pluie va revenir et mettra fin à la période d’étiage. Andekaleka pourra retrouver une grande partie de ses capacités, et il n’y aura plus de délestage. Il n’y aura plus que des pannes dues aux pluies et aux caprices de la météo. Peut-être aussi aux vols de câble et autres formes de vandalisme et d’accidents pouvant générer des coupures intempestives de courant.
Hery Rajaonarimampianina avait promis que le délestage prendrait fin trois mois, au plus six mois, après son arrivée au pouvoir. Près de deux ans après sa prestation de serment, il en est toujours aux solutions tip-top, à très court terme : des centrales thermiques fonctionnant au gas-oil. Très faciles à mettre en place, certes, mais très coûteuses à faire tourner. Très rentables pour les producteurs, mais très budgétivores pour l’État. Très efficaces pour produire du courant sans doute, mais certainement très néfastes pour l’environnement.
Pour réduire les coûts sur les centrales thermiques, le chef de l’État avait annoncé le démarrage des projets de production d’électricité au fuel lourd. Ce carburant coûte, paraît-il, moins cher. Et son utilisation permettrait à la Jirama d’économiser 30%. Sauf qu’il faudra, semble-t-il, attendre un an et demi pour que cette solution puisse marcher. Un délai qui correspond à la durée du mandat qui s’est déjà écoulée, en fait. Ce qui évidemment fait se demander pourquoi cette solution n’a pas été mise en œuvre dès son arrivée au pouvoir. Le délestage n’aurait vraiment plus été qu’un mauvais souvenir aujourd’hui.
Mais le chef de l’État avait d’autres chats à fouetter. Des susceptibilités politiques à gérer, mais aussi des voyages à faire à l’étranger. Si ses priorités avaient changé, on pourrait aujourd’hui avoir de l’espoir, un tout petit espoir, pour que les choses s’améliorent et pour que les délestages, quand la saison sèche reviendra, ne reviennent pas. Tel que c’est parti, pourtant, cela s’annonce encore compliqué. Le Président aura toujours des susceptibilités politiques à gérer. Il en aura même davantage. Il aura toujours autant de voyages à faire à l’étranger. Bientôt, le fameux moment où il prendra la fameuse grande décision qu’il ne prendra pas, restera éternellement bientôt. Mais on ne peut attendre davantage d’un homme qui croit que trois mois peut être étiré à loisir jusqu’à trois ans, voire plus.
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Éternellement bientôt
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