Incarcérés pour le meurtre de deux policiers, cinq habitants d’Antsakabary ont demandé une mise en liberté provisoire. Le tribunal ne s’est pas encore prononcé.
Encore hante L’ombre horrifiante de l’affaire Antsakabary. Placés en détention préventive à la maison centrale d’Antsohihy depuis maintenant cinq mois pour le meurtre du sous-brigadier de police Dieu-Donné Razafison et de l’agent de police de 1er échelon Samson Razafindramevajery, cinq habitants de cette commune,où quatre cent quatre-vingt-sept maisons ont été brûlées ne sont pas encore prêts d’être fixés sur leur sort. Aux dernières nouvelles, les cinq prévenus ont demandé une mise en liberté provisoire depuis maintenant près d’un mois, mais le parquet d’Antsohihy ne s’est toujours pas prononcé.
Parmi ces prévenus figure le chef fokontany de Tavenina, où le fokonolona a pointé du doigt les deux défunts policiers comme étant des bandits. L’un de ses compagnons carcéraux n’est autre qu’un individu qui a ouvertement accusé les deux policiers de l’ avoir délesté d’une somme s’élevant à 100000 ariary. La troisième personne incarcérée dans le cadre de cette affaire est en revanche le frère du chef de Circonscription Scolaire (CISCO) de Befandriana-Nord. Ayant servi dans l’armée, celui-ci s’est targué à tort d’avoir pu manipuler les armes de guerre des deux policiers, alors que la colère de la foule était déjà à son summum. Le quatrième incriminé était un membre du comité de vigilance de Tavenina. Il s’était attiré la foudre de la Justice en faisant un forcing dans un bureau où les autorités s’étaient réunies pour essayer d’apaiser la vive tension concernant la foule , furieuse contre les deux policiers, accusés d’abus et d’extorsion de fonds pendant leur mission à Antsakabary. Selon les informations recueillies, les cinq prévenus ont demandé une mise en liberté provisoire. La démarche qu’ils ont introduite fait suite à une enquête au fond qui s’est tenue au tribunal d’Antsohihy à la mi-juillet, après qu’une première audition ait été écourtée.
Ordre de poursuite
A ce moment, le ministère de la Sécurité publique a pour sa part procédé à l’interrogatoire de quarante-deux policiers, incriminés dans l’incendie ayant ravagé des centaines de foyers dans les cinq villages sinistrés. Les auditions se sont en revanche déroulées à Mahajanga.
Suite au dessaisissement du tribunal de Mandritsara, ayant la compétence territoriale, c’est le tribunal de première instance d’Antananarivo qui a pris les rênes. A Antso-hihy, le transfert à Tana des cinq individus.
Le double meurtre de policiers a été commis à Ambalamanga Befandriana-Nord le 18 février. Les abus dont ils ont été soupçonnés ont mis le feu aux poudres. Le 22 février, quarante-cinq policiers dépêchés depuis Mahajanga, Mampikony, Port Bergé, Analalava et Antsohihy, ont débarqué à Antsakabary. Les ordres étaient clairs : «retrouver les bourreaux de leurs collègues ». Une arrestation massive s’ensuivait alors. Lors de leur passage, des maisons ont été brulées et des pillages, extorsions d’aveux, homicide involontaire, atteintes aux bonnes mœurs ainsi que traitements inhumains ont été signalés . Le 2 mars, une commission mixte d’enquête s’est rendue sur place pour auditionner les villageois mais la suite de l’affaire se fait attendre.
Seth Andriamarohasina