Le professeur Albert Zafy critique le processus de la réconciliation nationale. Avec un dispositif assez lourd, les nouveaux membres du Conseil du fampihavanana Malagasy ne vont pas chômer durant leur mandat.
Prévisible. Les nouveaux membres du Conseil du fampihavanana Malagasy doivent justifier leurs postes. Le professeur Albert Zafy réagit, suite à la récente nomination des trente-trois membres du CFM. «Ce processus de la réconciliation nationale n’est pas juste. Je suis en train d’élaborer des dossiers pour plus de détails», affirme-t-il.
Depuis 1998, avec la création du Comité pour la Réconciliation nationale (CRN), le professeur Albert Zafy a toujours milité pour cette cause. Par ailleurs, il remet en cause l’appartenance à sa mouvance de certains membres fraîchement nommés au CFM. « Ces personnes ont agi en leur nom personnel et je ne cautionne pas leur adhésion au processus», a-t-il continué.
Le profil de certains membres du CFM laisse les observateurs perplexes, étant donné leur passé politique. Une vision partagée par Jean Marcel Miandrisoa, un des membres fraîchement nommés. «Effectivement, certains membres ont un lourd passé en tant qu’acteurs dans la gestion des différentes crises», a-t-il fait remarquer. Une situation effacée en un revers de main par l’optimisme du journaliste Alphonse Maka. Selon lui, «ce problème ne se poserait pas si tous les Conseillers au fampihavana malagasy remplissent leurs missions en leur âme et conscience. Tout est question de volonté. »
Après la nomination des membres du CFM, cette institution prévue dans la Constitution n’est pas encore opérationnelle. Avec un dispositif assez lourd, stipulé dans la loi sur la réconciliation nationale, les membres du CFM fraîchement nommés ne vont pas chômer pendant leur mandat de cinq ans. À part la constitution du bureau permanent, la mise en place des différentes commissions est également attendue, dont celle de la vérité et du pardon, de la réparation/indemnisation ainsi que celle de la refondation de la Nation et de la République.
Une série de décrets sont attendue. Il s’agit, entre autres, de la mise en place d’un secrétariat permanent et le recrutement d’un secrétaire exécutif en charge de la gestion administrative, financière et logistique du CFM.
Nécessité des décrets
La lourdeur est traduite également par la mise en place d’une Commission spéciale indépendante sur l’amnistie au niveau de la Cour suprême. Un autre décret est donc nécessaire pour la constitution de cette juridiction spéciale.
Elle est composée du président de la Cour de cassation, ou son remplaçant, de trois présidents de la Chambre les plus anciens de la Cour de cassation et de deux avocats généraux les plus anciens de la Cour de cassation.
Toute puissante, cette institution dispose d’une compétence élargie dans la conduite de ses missions. Intervenant dans une chaîne de télévision privée, hier, Faly Ramakavelo constate que «le CFM exerce à la fois un pouvoir délibératif, exécutif et judiciaire ». Certains articles dans la loi 2016-037 confirment, en effet, cette puissance.
À titre d’illustration, l’article 37 stipule que «aucune immunité, ni aucun privilège, ni aucune exigence d’autorisation préalable liée à la fonction, au titre, à l’emploi, au grade, ni à une quelconque dérogation liée à un statut particulier ne peut être opposé à toute convocation ou investigation de la commission Vérité et Pardon ».
Le CFM a pour mission d’établir la vérité sur les différents événements douloureux survenus pendant les crises de 2002 à 2013. Il lui est également assigné l’étude de la réparation et l’indemnisation des victimes de ces crises. Il délibère également quant à la liste des personnes admises à bénéficier de l’amnistie.
Avec l’échec des initiatives du Conseil œcuménique des églises (FFKM) en 2015 et l’inefficacité du Filankevitra fampihavanana Malagasy, le CFM se doit de contredire le professeur Albert Zafy par des résultats rapides et visibles.
Andry Rialintsalama