Le magnifique paysage lunaire de l’Isalo est l’un des principaux attraits touristiques de la RN7. Cette beauté fait déplacer du bout du monde de nombreuses personnes à la recherche de l’extraordinaire à l’état pur. Quand on parle de l’Isalo, il nous vient tout de suite à l’esprit le « Relais de la Reine » qui a tiré son nom de la sculpture naturelle ressemblant à une reine assise en bord de la route. Pendant plusieurs milliers d’années, l’eau a gravé dans le calcaire cette superbe œuvre qui trône impérialement pour le plus grand plaisir des voyageurs.
Cet ouvrage divin, fruit d’un travail millénaire, a été juste saccagé à la bombe noire par des tagueurs, en quelques minutes. Allez comprendre pourquoi, mais le mal est fait. Et apparemment cela choque très peu de gens et ne touche pas particulièrement les responsables en charge du patrimoine. Dans le cas contraire, ce texto n’aurait même pas vu le jour car dès que l’acte a été commis, on aurait dépêché directement des personnes pour
nettoyer, protéger ce monument. Nous osons espérer que ce site est recensé parmi les patrimoines de Madagascar.
Il y a le sens du bien commun, en relation avec notre histoire, notre culture, nos richesses naturelles, qui n’est plus. On s’émeut quand nous voyons les talibans du bout du monde dévaster les vestiges de l’histoire de l’humanité. Alors qu’ici, chez nous, tout en haut de la colline bleue, un palais a été brûlé et depuis 20 ans il est en train de mourir. Car il y a détruire et détruire. La destruction matérielle en est une, mais laisser à l’oubli est bien pire.
« Iaino Manjakamiadana » un concept qui est fort louable, surtout venant de citoyens qui ne sont animés par nulle autre chose que la passion de la terre, de l’histoire, des ancêtres. Depuis 20 ans, Manjakamiadana est dans l’agonie, sans vie, seule et ignorée. Certes, l’histoire doit être préservée mais par-dessus tout, nous avons le devoir de la faire vivre avec notre temps. Des questions restent ainsi sans réponse au-delà de l’énigme de l’impunité de ses destructeurs. Manjakamiadana
n’est-il pas un lieu appartenant à tous les Malagasy Pourquoi n’a-t-on pas le droit de le faire vivre à notre manière Pourquoi y organiser des évènements est quasi impossible Et pourtant, pour remettre la structure sur pied on a bien pioché dans les caisses de l’État, c’est-à-dire dans les poches de chacun de nous.
Il existe à Madagascar, des impuissants qui trouvent leur bonheur à saccager des choses qui ne peuvent pas se défendre par eux-mêmes. Nous laissons faire. Il y a également ceux qui ont le pouvoir de faire quelque chose, il y a ceux qui doivent faire quelque chose (car c’est pour cela qu’on les paie à chaque fin de mois) mais qui ne font rien. Notons également ceux qui font quelque chose. Comme ces jeunes volontaires du patrimoine mondial à Madagascar.
Que ce soit le Rova de Manjakamiadana, la Reine de l’Isalo, le Rova d’Ambohidratrimo, les îles éparses, et j’en passe car il y en a tellement dont nous n’avons même pas connaissance, le constat est qu’ils sont systématiquement détruits ou pillés. Au fil du temps, des personnes entretiennent le flou et nous oublions. Il est temps d’en prendre conscience. Pourquoi
veut-on effacer, voler nos richesses naturelles, culturelles et identitaires Que faisons-nous
Pour ces brigands, s’attaquer à un rocher est tellement facile et impuni. Pour nous, s’attaquer au rocher de l’indifférence générale face au bien commun reste un combat de longue haleine.
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S’attaquer à un rocher
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