L’augmentation des compagnies étrangères desservant Madagascar fait partie des idées sorties lors de la table ronde du secteur aérien. Une voie qui implique des décisions difficiles.
C’est une option qui a toujours été au cœur d’un débat sans fin dans le monde du secteur aérien et du tourisme. Il s’agit de l’effectivité de l’ouverture totale et « sans restriction » du ciel malgache ou « open sky ». Jean Marc Bourreau, consultant et conseiller d’Ulrich Andriatiana, ministre des Transports du tourisme, n’y est pas allé par quatre chemins hier lors de la table ronde du secteur aérien organisée au Paon d’or, en présentant une ébauche de ce que serait la stratégie de ce département pour ce domaine. Si la Grande île veut atteindre l’objectif du million de touristes d’ici 2020, elle doit augmenter le nombre de sièges offerts pour la destination.
« Les marchés émetteurs de Madagascar sont très éloignés, ce qui implique des vols très longs, donc techniquement impossibles pour les vols directs. Heureusement, le pays a l’opportunité d’avoir des hubs aériens assez proches qu’il peut exploiter », a soutenu Jean Marc Bourreau.
Il a cité l’Afrique du Sud, qui constitue une piste à approfondir. Mais son regard semble surtout se tourner vers les pays et les compagnies aériennes du golfe persique comme le Qatar, Dubaï, les Emirats Arabes Unis, le Syngapore et Doha qui assurent quotidiennement entre 50 et 70 destinations.
« Les Français et les Réunionnais représentent à l’heure actuelle plus de 50% des touristes qui viennent à Madagascar. Pour atteindre le million de touristes, il faut que le pays trouve, au moins, deux nouveaux marchés qui ont le même potentiel que ces deux pays », a avancé le conseiller d’Ulrich Andriatiana.
Comité de pilotage
Évidemment, la capacité d’Air Madagascar se trouve au cœur du débat et des inquiétudes face à cette ouverture totale du ciel malgache. D’autant que la proposition prône également l’ouverture du marché domestique à des compagnies privées, mais « de droit malgache » pour pouvoir proposer une alternative afin d’assurer et renforcer la desserte des routes touristiques du pays. Sans complaisance, Jean Marc Bourreau est revenu sur les effets de la grève des employés de la compagnie nationale qui avait paralysé le secteur tourisme. La compagnie nationale survivra-t-elle aux concurrences de ces géants du transport aérien C’est le principal souci qui a été soulevé par de nombreux participants à la table ronde d’ hier.
« L’open sky figure dans le code de l’aviation civile et nous le vivons déjà. Turkish airlines, par exemple, inaugurera son premier vol à destination de Madagascar demain », a répondu James Andrianalisoa, directeur général de l’Aviation civile de Madagascar (ACM).
Mais l’objectif de la table ronde qui a vu la présence de tous les représentants du secteur aérien était justement de recueillir les réactions et idées par rapport à ces propositions. Selon le directeur général de l’ACM, un comité de pilotage sera ensuite mis en place pour faire la synthèse des travaux. « Un plan quadriennal sera ensuite élaboré pour la réalisation de la réforme du secteur aérien », a précisé James Andrianalisoa.
En tout cas, le débat sur l’open sky et la réforme du secteur aérien est sans doute loin d’être clos. D’autant qu’il implique plusieurs décisions comme le désengagement de l’État, et l’implication de plus en plus importante du secteur privé dans le secteur aérien.