Un opérateur dont les enfants ont été enlevés a 24 heures pour payer un million et demi d’euros, démonter les gendarmes d’élite et les éléments de la police criminelle sur place. Sa fille a été violée et exécutée par les kidnappeurs.
Le compte à rebours a commencé. Les ravisseurs de deux proches d’un opérateur économique de la filière bois précieux, enlevés Toamasina le 23 novembre jouent leurs dernières cartes. Furieux de
n’avoir toujours pas reçu le versement de la rançon réclamée un mois après le rapt, les kidnappeurs ont exécuté l’un de leurs otages dans la nuit de samedi à dimanche, et ont dans la foulée, lancé un ultimatum de 24 heures à la famille des victimes, pour leur remettre la somme colossale, dont le montant s’élève à un million et demi d’euros, contre la libération d’un adolescent de dix-sept ans, encore entre leurs griffes. Le gang exige dans la foulée le démantèlement des enquêteurs de la brigade criminelle, ainsi que des gendarmes d’élite du Groupe de Sécurité et d’Interventions Spéciales (GSIS), dépêchés à Toamasina pour donner du fil à retordre aux malfaiteurs.
Le jeune homme toujours en captivité est le fils de l’opérateur économique pris pour cible. Le deuxième otage, dont le corps sans vie a été balancé dans la soirée de dimanche, à environ 500 mètres de leur résidence familiale, a été enlevé en même temps que lui. Cette fillette de quatorze ans, a eu une mort atroce. Des traces de viol, ainsi que du gas-oil, que ses bourreaux l’ont apparemment obligée à boire, ont été relevées. Se montrant sans cœur, les kidnappeurs ont, de surcroît, tordu le cou de la collégienne, avant de se débarrasser de sa dépouille aux abords de la villa de la famille.
En scrutant les indices relevés sur les lieux de la découverte macabre, les éléments des forces de l’ordre estiment, à la lumière du constat, que le corps inerte de la malheureuse a été balancé depuis un deux-roues.
Coïncidences
Ce message des kidnappeurs à tout l’air d’être une réponse du berger à la bergère, après qu’une Mitsubishi Sportero 4×4, à bord de laquelle ont été enlevées les victimes, a été retrouvée quelques heures plus tôt, dans un garage enfoui dans le quartier d’Andranomadio. La propriété est occupée par une employée du tribunal à la retraite. Le tout-terrain était préparé pour une nouvelle peinture, et de fausses plaques d’immatriculation allaient être fixées. Pour maquiller le véhicule, les bandits ont voulu mettre des autocollants tape à l’œil.
L’ultimatum a expiré hier soir, le sort de l’adolescent est, de ce fait, incertain.
Certaines décisions des autorités chargées de l’enquête sont néanmoins incompréhensibles. Alors que trois suspects arrêtés à Moramanga, pris en possession d’un pistolet et d’une puce, ayant été utilisée pour joindre les parents de la victime au début des marchandages sur la rançon ont bénéficié d’une mise en liberté provisoire, la fillette est tuée une semaine plus tard.
Lorsque ce kidnapping était sous le feu des actualités, le procureur a défendu avec véhémence qu’aucun magistrat n’est impliqué dans cette affaire, or il se trouve qu’un suspect recherché pour se rapt est un détenu de la maison d’arrêt d’Ambalatavoahangy, qui s’est fait la belle le 23 novembre, alors qu’il effectuait une main d’œuvre pénitentiaire pour le compte d’un magistrat. La date de l’évasion coïncide avec celle du kidnapping. De nombreuses perquisitions ont été effectuées tout au long des investi- gations. Au début du mois, les forces de l’ordre avaient même prévu de fouiller la demeure d’un magistrat, pour faire machine arrière au dernier moment.
Vingt-deux personnes ont déjà été entendues, et trois d’entre elles ont été placées en détention préventive.