Le montant de la rançon exigée par les kidnappeurs à Toamasina, est passé d’un million et demi d’euros à soixante millions d’ariary. Les malfaiteurs semblent paniqués par une vague d’arrestations.
Les auteurs du rapt de deux proches d’un opérateur de la filière bois précieux, perpétré à Toamasina le 23 novembre, commencent à céder à la panique. A la lumière, des informations communiquées hier, la valeur de la rançon réclamée est en chute libre. Le montant est descendu jusqu’à soixante millions d’ariary, alors que les malfaiteurs ont exigé la somme faramineuse d’un million et demi d’euros, soit l’équivalent de 15,2 milliards d’ariary, il y a à peine une semaine. Cette surenchère faisait suite à l’exécution de Annie Andréa Rajerison, une collégienne de quatorze ans, fille de l’opérateur pris pour cible. La bande, a dans la foulée, lancé un ultimatum de 24 heures à la famille de la défunte, pour que celle-ci verse la rançon, sous peine d’éxécution du deuxième otage, dont la vie est jusqu’à maintenant entre leurs mains. Âgé de dix-sept ans, ce captif est le fils biologique de l’opérateur économique.
La panique a gagné les bandits lorsque les proches des victimes n’ont pas obtempéré, malgré l’expiration de l’ultimatum. Au contraire, la cellule chargée des enquêtes, a intensifié les recherches. Jusqu’à samedi, dix-sept prévenus, dont deux policiers, sont mis en détention préventive à la maison d’arrêt d’Ambalatavoahangy, à Toamasina.
Méfiance
En outre, une vague d’arrestations, menées par les forces de police et celles de la gendarmerie, continue à s’abattre sur les personnes, touchées de près ou de loin par cette affaire. Mardi, un avis de recherche a été lancé contre cinq fugitifs, dont deux évadés de prison. Samedi, l’un des suspects «wanted», un officier de la marine, est tombé dans les filets des forces de l’ordre à Barikadimy Toamasina, aux côtés d’un agent pénitentiaire, pris en possession d’un téléphone portable, avec lequel les ravisseurs ont joint les parents des victimes au début des marchandages sur la rançon. Traduit devant le parquet hier, l’agent, pénitentiaire a bénéficié d’une mise en liberté provisoire.
Cette valse d’arrestations donne du grain à moudre à la bande, menacée de plus en plus par un retour de manivelle. La ténacité du père du captif, qui persiste à réclamer justice, leur donne de surcroît du fil à retordre. «Les bandits sont pris entre deux feux. D’une part, ayant déjà injecté des millions d’ariary dans ce rapt, ils ne veulent pas lâcher le morceau et voudraient coûte que coûte en tirer profit. D’autre part, ils sont déjà démasqués, et commencent à se faire cueillir les uns après les autres. Les autres membres de la bande, s’obstinant à vouloir continuer, sont de ce fait, en mauvaise posture. Plus la captivité du dernier otage s’enlise, plus les recherches avancent. Voulant en finir au plus vite, au risque de se faire prendre, ils ont fini par diviser par trois cents la rançon», analyse une source auprès de la police judiciaire.
Réputés comme étant des personnes qui n’ont pas de parole, les kidnappeurs ne sont pas pour autant au bout de leurs peines. La famille des victimes reste, quant à elle, méfiante, selon les informations communiquées. Relâché en novembre au bout de deux mois de captivité, après paiement de rançon en deux tranches, un quincaillier a été abattu et laissé pour mort. Pour cinq cas de rapts, commis cette année, les kidnappeurs n’ont pas remis en liberté leurs otages, malgré le versement de la rançon convenue, mais en ont réclamé davantage. Enlevé à Toamasina en juin 2013, le jeune Owne Alek, fils d’un autre opérateur économique, ne donne jusqu’à maintenant signe de vie, malgré le paiement de deux tranches de la rançon par sa famille.