Candidat unique présenté par le HVM, Honoré Rakotomanana a été porté par un plébiscite à la présidence du Sénat. Il sera amené à jouer le rôle de chef d’État en cas de vacance de poste.
Programmé. À deux voix près, l’élection d’Honoré Rakotomanana à la présidence du Sénat aurait été unanime. Par soixante-deux votes favorables, contre deux blancs et un sénateur absent, le juriste fait son grand retour au perchoir de la Chambre haute après l’avoir quitté à la suite de la chute de l’administration Ratsiraka, en 2002, après seulement un an de mandat.
Au regard du scénario d’hier, voir celui qui a déjà occupé le poste de président de la Haute cour constitutionnelle (HCC), dans la seconde République, rempiler au perchoir du Sénat semble avoir été planifié. « Le parti Hery vaovao ho an’i Madagasikara (HVM), par le biais de son président national Rivo Rakotovao, présente Honoré Rakotomanana comme président du Sénat », annonce le sénateur Riana Andriamandavy VII, benjamin de l’hémicycle. Ce dernier a dirigé la séance d’hier avec, justement le nouveau numéro Un de la Chambre qui fait office de doyen du haut de ses 82 ans, selon ce qui se dit dans le microcosme politique.
Pourtant, lundi, au cours d’une réunion à son siège à Antanimena, les Bleus ont entretenu le flou pour tenter de garder le suspense entier. Le nouvel homme fort du Sénat a même été aligné aux côtés du sénateur Roger Kolo, comme étant les deux favoris à la fonction. « Il y a ce qu’on appelle discipline de parti. C’est l’intérêt du pays qui prime. S’il n’agit pas dans ce sens, nous n’aurons aucun état d’âme à le destituer », a déclaré l’ancien Premier ministre à l’issue de la séance d’hier.
Questionné sur l’éventualité que ce choix soit celui du bureau national du HVM ou celui du parti, Roger Kolo réplique : « Que ce soit le parti ou le bureau national, c’est la même chose. » Néanmoins, lundi, Rivo Rakotovao a donné quelques pistes pour identifier le choix des Bleus ou de son bureau national. « Il est possible que le candidat du HVM ne soit pas issu de ses rangs », en indiquant comme profil « l’équilibre, l’ouverture, la sagesse et l’expérience ».
Stratégique
Pour sa première conférence de presse en tant que premier président du Sénat de la IVe République, le « ratsirakiste », comme il se qualifie, avance qu’il est la preuve de l’ouverture prônée par le président de la République et le HVM. « Mes atouts sont ma formation et mon parcours juridique, je n’ai jamais commis de bêtise et je suis croyant », a déclaré Honoré Rakotomanana.
Malgré qu’il soit un proche de l’ancien chef de l’État, Didier Ratsiraka, le juriste affirme, par ailleurs, qu’il est ouvert à toutes les tendances politiques et n’a aucun ennemi. Il semblerait, justement, qu’Honoré Rakotomanana fasse consensus dans l’hémicycle. Outre les sénateurs du HVM et ceux désignés par le président de la République, les trois élus du « Tiako i Madagasikara » (TIM), ont voté pour lui. « C’est Marc Ravalomanana, en personne, qui a donné les consignes pour le faire », indique un membre du parti.
Les propos de ce ténor du TIM semblent indiquer qu’il aurait pu y avoir concertation au préalable et à haut niveau sur le choix d’Honoré Rakotomanana. Les deux sénateurs du groupe des partisans de Andry Rajoelina ont, quant à eux, voté blanc. Ce qui n’est pas, pour autant, une franche contestation. Le poste de président du Sénat est, en effet, un titre stratégique. Selon la Constitution, en cas de vacance de la présidence de la République, sous quelque forme que ce soit, « les fonctions de chef de l’État sont exercées par le président du Sénat ».
Dans la perspective des élections présidentielles, le rôle d’Honoré Rakotomanana sera d’autant plus crucial. Toujours d’après la loi fondamentale, « le président de la République en exercice qui se porte candidat aux élections présidentielles, démissionne de son poste, soixante jours avant la date du scrutin. Dans ce cas, le président du Sénat exerce les attributions présidentielles courantes jusqu’à l’investiture du nouveau Président ».
Certes, il y a la Commission électorale nationale indépendante, mais le président du Sénat qui assurera les fonctions de chef de l’État, devra gérer les élections présidentielles. Il semble que Hery Rajaonarimampianina et ses ouailles, ainsi que d’autres ténors politiques souhaitent laisser au « sage juriste », les clés du pays durant les deux mois de joute présidentielle.