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Professeur Zafera Antoine Rabesa –« Non à la complaisance »

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Le leader de la frange non conciliante du Leader Fanilo affirme que le parti continuera à défendre ses idées et ses valeurs, notamment l’éthique.

• Ces derniers mois, les membres du Leader Fanilo se sont entredéchirés à cause d’une lutte de leadership. Maintenant, où en est le parti ?
– Le parti a, effectivement, animé des faits d’actualité dans la presse nationale, particulièrement concernant les courants d’influence qui animent le parti depuis un certain nombre d’années. Au début, nous pensions qu’il s’agissait tout simplement d’une incompréhension entre membres, notamment d’une différence de valeurs et d’appréciation sur les nuances qui existent toujours au sein d’un parti, surtout autour du respect de l’éthique. Ce qui s’est passé est que l’ancien président du parti a fait en sorte que cette éthique disparaisse complètement. (…) Nous avons, par exemple, eu du mal à partager avec nos membres le fait que Christine Razanamahasoa, ancienne présidente de l’Assemblée nationale, ait été poussée vers la sortie par un autre membre du Leader Fanilo qui est Jean Max Rakoto­mamonjy.

• En parlant d’éthique justement, pour le Leader Fanilo, quel est le sens de ce mot  ?
– C’est un ensemble de comportements et d’attitudes responsables, dignes et nobles que se doit d’avoir une personnalité politique vis-à-vis d’autrui. Le  responsable politique annonce ce qu’il va faire, le réalise et en explique les raisons, en cas d’échec. C’est cet ensemble de comportements et d’attitudes qui est à l’origine de la transparence dans la gestion des affaires du pays, celles du parti et est à l’origine du respect, de la confiance entre les dirigeants et les administrés. (…) Il faut reconnaître, aujourd’hui, que plus aucun responsable politique ne respecte cette éthique. Les successions de remplacement des dirigeants, ceux qui se
disent opposants, aujourd’hui, en fait n’aspirent qu’à être califes à la place du
califes, pour reproduire exactement les mêmes erreurs et redevenir opposants après.

• Le Leader Fanilo refuse de se positionner d’une manière franche sur l’échiquier politique, alors qu’une frange est très critique envers le pouvoir et une aile est conciliante. Cette posture ambiguë ne favorise-t-elle pas la dissension actuelle  ?
– C’est une façon de voir les choses, mais nous estimons qu’aujourd’hui, le fait d’appartenir au camp du pouvoir ou de l’opposition est complètement dépassé par les actualités politiques et sociales. Que nous apporte aujourd’hui le fait de dire que nous sommes dans l’opposition (…), ou de soutenir à cor et à cri que je suis avec le pouvoir   Cela changera-t-il un tant soit peu la situation actuelle   La dichotomie, à notre avis, n’a aucune signification dans le système politique, à Madagascar. (…) Le plus important pour nous est de proposer des idées et des solutions à ce que nous vivons actuellement. Qu’elles soient acceptées par ceux qui sont au pouvoir ou dans l’opposition, nous aurons fait notre devoir. Le problème est, qu’à Madagascar, il n’y a jamais eu de démarche franche et claire pour mettre sur la table les plaies qui gangrènent notre système politique.

• Comment, respecter l’éthique exigée par le parti et rendre crédibles vos idées dans toutes ces conditions ?
– Est-il acceptable que face à des faveurs, des intérêts particuliers ou claniques, l’on fasse fi de l’essentiel du parti qui a fait que vous aviez été élu dans votre circonscription   (…) nous savons très bien ce qui s’est passé il y a quelque temps, concernant les mallettes, entraînant, la versatilité des élus Leader Fanilo et surtout, l’incohérence du président du parti de l’époque, car,pour moi, il n’est plus président aujourd’hui. S’il y a eu transparence, ou au moins partage d’information sur ce qui s’est passé, sur l’engagement qu’il voulait faire prendre au parti, peut-être aurions-nous eu une autre manière de faire passer nos idées. Malheu­reusement, ce n’est pas le cas. (…) c’est cette dérive que nous dénonçons, et nous avons pris une décision conforme au statut de notre parti. (…) Heureuse­ment que les membres fondateurs dont je fais partie sont encore là pour dire que ce n’est pas ce dont nous nous sommes convenus dans le statut. Heureusement que le statut permet les changements que nous avions effectués. Maintenant, ceux qui sont avec le pouvoir, qui travaillent pour le pouvoir, ne nous dérangent pas outre mesure, pour ne pas dire, ne nous concernent plus. Nous reprenons le flambeau du parti pour qu’il ne s’éteigne pas, face à cette conjoncture fugace et sporadique. (…) nous avons déjà démontré, à deux reprises, sous deux présidents différents, que lorsque les choses ne nous conviennent plus, nous démissionnerions. Que lorsque nous risquons de perdre notre identité politique, nous nous retirerions.

• Comment alors éviter que ce flambeau ne s’éteigne ? 
Moi je dirais, pourquoi cette fameuse aile ne s’est-elle jamais exprimée sur les maux qui gangrènent le pays. Je n’ai jamais entendu la voix de ces responsables étatiques qui viennent, qui ont été formés par le parti, de ces membres du Leader Fanilo, c’est indéniable, dire que nous n’acceptons pas tel fait ou tel évènement. (…) Pour nous, ce n’est pas parce qu’ils sont sous les feux des projecteurs, qu’ils s’expriment dans les médias à Anta­nanarivo, qu’ils ont raison. Même au niveau de l’échiquier politique national, nous savons que ce qui se dit dans la capitale ne reflète pas la voix de Madagascar. (…) Je n’ai jamais entendu d’au­tres qui prétendent être membres d’une aile quelconque, s’exprimer et dire que ceci ne va pas, ne doit pas être fait, est dangereux pour le pays. Nous, nous le faisons et nous en sommes fiers, car nous savons que la situation actuelle ne fait que passer et que les idées restent.

• Sous deux présidents de la République et durant la Transition, le Leader Fanilo a été dans les rouages du pouvoir. Vu la situation du pays actuellement, le parti n’a-t-il pas échoué dans la mission qu’il s’est fixée  ?
– (…) Ce n’est pas parce que l’on a été membre du gouvernement que toutes nos idées vont être acceptées et servir de rampe de travail pour ceux qui arrivent aux commandes. Ce n’est pas ainsi que se passe la politique, et c’est pour cela que nous avons démissionné, à chaque fois que nous nous sommes rendu compte que nous ne pesions pas suffisamment dans la prise des grandes décisions. Nous préférerions nous retirer plutôt que de servir d’alibi à toutes les complaisances. (…) Nous avons beau changer de Constitution ou de gouvernement, ce ne sont pas ces faits-là qui apporteront les changements attendus, ce sont les hommes.

• Vous concédez vous-même ne pas avoir pesé dans les prises de grandes décisions. Comment comptez-vous être entendu, aujourd’hui ?
– En commençant par ce que nous sommes en train de faire actuellement, nous exprimer sans concession, ni complaisance. En politique, rien n’est jamais totalement perdu, il n’y a pas d’échec total. Nous n’avons certes pas obtenu les résultats que nous avions escomptés. Si aujourd’hui, nous nous permettons de parler à nouveau de politique, cela veut dire qu’il y a quelque chose qui est resté et que des ténors politiques savent que le Leader a été en tête de cette nouvelle façon de faire de la politique, à Madagascar. (…) Ce sont les idées qui nous animent, ce sont les principes, les valeurs qui ont fait l’histoire des pays dits développés et émergents.

Garry Fabrice Ranaivoson


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