Dirigée par Christiane Ramanantsoa, cette compagnie prône le développement personnel à travers un théâtre d’un genre nouveau. Et l’aisance dans la parole n’est pas oubliée.
Une compagnie théâtrale dotée d’une particularité artistique qui lui est propre. Fondée en 1998 au sein de l’Alliance française d’Antananarivo, la compagnie Miangaly s’exerce depuis près de vingt ans, à proposer au public un théâtre d’un genre nouveau, plus contemporain et pragmatique. Il veut contribuer au développement personnel, par une aisance dans la pratique de la langue et de la communication.
C’est dans cette optique que la compagnie accorde une grande place à différentes formes artistiques issues de toutes les disciplines d’art vivant. Car pour la compagnie Miangaly, le théâtre reste une représentation du monde actuel en images, en mots et à travers une scénographie, tout en valorisant l’expression corporelle. Les créations de la compagnie Miangaly se présentent ainsi, et depuis toujours, comme une rencontre entre plusieurs disciplines artistiques, où peinture, photographie et œuvres littéraires s’interfèrent sur la base du théâtre.
Christiane Ramanantsoa, fondatrice de la compagnie, ne le cache pas : le corps occupe une grande place dans une représentation, c’est le moteur de la pensée. « Notre principe au sein de la compagnie Miangaly est de mettre toujours en avant le fait que l’homme n’est pas uniquement un cérébral, guidé par ses pensées ou ses envies, mais qu’il est aussi corporel. Aussi doit-il aussi laisser son corps s’exprimer autant que son esprit. Si quelqu’un se sépare de ses pensées ou de son corps, il ne peut être authentique, notamment au niveau du théâtre qui représente la vie, mais en condensé », confie-t-elle.
La compagnie Miangaly est aussi active dans le secteur de l’éducation et de la sensibilisation sociétale.
En outre, la compagnie accorde également une grande place à la vision individuelle de la société et des gens. En particulier, lorsqu’elle entame ses formations en « team-building » au sein de diverses entreprises, par exemple, où elle s’active à accentuer le développement personnel de tout un chacun.
Et Christiane Ramanantsoa de conclure : « Le théâtre est une discipline artistique permettant aux gens de bien se connaître. Le théâtre permet vraiment le développement personnel de tout un chacun, car c’est là à l’instant même où il se présente et se découvre vraiment au public à travers une tout autre personnalité qu’il retranscrit à travers la sienne. »
L’essence de la compagnie
La Cie Miangaly reflète un genre tantôt humoristique, tantôt intellectuel et pragmatique. Le fait est que Christiane Ramanantsoa a, d’emblée, instauré chez ses membres, l’idée qu’il y a déjà assez de drames dans la vie pour qu’on en rajoute. Ainsi, pour chacun d’entre eux, le théâtre permet de prendre du recul et se place comme un excellent outil pour dédramatiser, affronter et se confronter à la réalité. Une réalité dont la compagnie s’imprègne avec humour et satire à travers ses œuvres ou ses représentations. Un genre humoristique que la compagnie Miangaly a amplement appris à maîtriser au fil des ans, en mettant en valeur sa vision positive et sarcastique de la société. La compagnie a toujours mis un point d’honneur à ne pas se placer en tant que moralisateur, mais inciter les gens à réfléchir sur le sujet.
Christiane Ramanantsoa
Une femme, un mentor
Metteur en scène, de temps à autre comédienne, directeur d’acteurs et, par-dessus tout, auteur. Christiane Ramanantsoa, étant ado ne s’imaginait pas faire du théâtre, d’autant que ce qui importe à ses parents est qu’elle termine ses études. Et elle devient géographe de formation, débutant sa carrière en tant que professeur d’histo-géo. Elle a par la suite continué en tant que professeur de français à l’Alliance française d’Antananarivo. « C’est peu après, par le plus grand hasard de la vie, que ma sœur, l’écrivaine, dramaturge et journaliste Michèle Rakotoson, m’a subtilement conseillé d’écrire et de faire du théâtre. Ce qui m’a tout de suite motivée, puisque le théâtre a toujours été l’une de mes plus grandes passions. Une passion que je tenais de mon père », confie-t-elle.
Son père est un fervent admirateur du bà-gasy et du théâtre classique malgache et c’est lui qui l’emmenait souvent regarder des pièces théâtrales au Tranompokonolona d’Isotry. Sa mère, bibliothécaire, l’introduit de son côté, dans le monde de la littérature dès son plus jeune âge, de même que sa grand-mère qui, à l’époque, a mis en scène des pièces de Noël. « C’est mon entourage, qui a contribué au développement de ma personnalité et de ma carrière. »
Sa première pièce « Allons omellettes » est l’histoire d’hommes au foyer, version masculine des femmes au foyer. Elle a eu l’occasion, pour la première fois il y a une vingtaine d’années, de la présenter à l’AFT. « C’est cette expérience personnelle qui m’a convaincue de l’importance de l’interaction avec les autres, avec ce qui nous entoure. La passion et le talent pour le théâtre se structurent peu à peu au fil des ans, des pratiques et des rencontres avec les autres. Pour moi, les gens évoluent par rapport à ce qu’ils sont fondamentalement, mais aussi par rapport à ce qu’ils voient et ce qu’ils vivent au jour le jour. »