La situation dans le Sud est encore très critique, en matière d’insécurité. Les dahalo persistent et signent, mais pour les Forces de l’ordre, il est temps d’y mettre un terme.
Les Forces de l’ordre se préparent à une vaste offensive contre les voleurs de bœufs, ou dahalo, dans la partie Sud de l’île. Des séries d’opérations sont en gestation, et un assaut dans la forêt primaire d’Ampamoriantafika, dans la commune rurale de Beharena, Befotaka Sud, servira de bouquet final.
« Depuis une semaine, nous avons adopté de nouvelles stratégies, afin de reprendre la situation en main. Les renforts venant de la capitale sont déjà sur place, ils attendent le feu vert du commandement », précise une source au sein du Commandement supérieur de la gendarmerie, au Toby Ratsimandrava.
« Nos éléments sont en état d’alerte et notre quartier général est basé dans cette commune. Des ratissages ont commencé, mais aucun résultat officiel n’est disponible pour le moment. Cette fois-ci, nous ne sommes plus seuls, car nous bénéficions également de l’entière collaboration des comités de vigilance villageois et des « dahalo niova fo » (NDLR : des bandits repentis). Ces derniers sont au nombre de cinq cents, actuellement », poursuit notre interlocuteur.
Selon notre source, les « dahalo niova fo » assureront principalement le rôle de guides et d’informateurs pour identifier les principaux auteurs des attaques contre les forces de l’ordre et des postes de gendarmerie.
« Les forces mixtes opèrent avec une liste préétablie, en ce moment. Des arrestations sont en vue, nos recherches sont orientées dans ce sens », conclut la gendarmerie.
Tandem
Gendarmes et militaires montrent une détermination sans précédent, en ce moment. « Nous sommes confiants et nous faisons de notre mieux pour gérer cette situation dans le Sud », informe le général de brigade Théophile Rakotonirina, directeur des opérations et des renseignements de l’armée, au cours d’un entretien téléphonique. « Nous avons les moyens suffisants pour assurer notre mission », affirme-t-il.
« La collaboration avec des civils, surtout la population locale, est indispensable, mais nous émettons quand même des réserves car, à un moment donné, nous sommes tombés sur de mauvaises personnes ou des traîtres. Comme c’était le cas du capitaine Rafalihery Andriantiana et celui d’Ankazoabo qui a couté la vie à neuf militaires », se méfie cet officier général.
Une repentance générale
Historiquement, les « dahalo niova fo » ont vu le jour durant le mandat de Roger Kolo à la Primature, suite à une initiative du secrétariat d’État chargé de la gendarmerie nationale, dirigé par le général de division Didier Paza. Plus de quatre mille dahalo se seraient repentis après une série de sensibilisations dispensée par le commandant de compagnie de Tolagnaro, Fanevarison Ralaivy, et le capitaine Harena Rakotomalala, chef de détachement de la force d’intervention de la gendarmerie à Amboasary, durant cette mission de pacification.
Le gouvernement a adopté cette nouvelle stratégie pour éviter les bains de sang, selon les explications de l’ancien Premier ministre, durant les cérémonies organisées en l’honneur des dahalo repentis au mois de février dernier. Vêtus d’une blouse verte offerte par le gouvernement, ces derniers ont déposé publiquement leurs armes et fait un engagement solennel de ne plus verser dans des actes criminels. Depuis le départ de Roger Kolo, on n’a plus beaucoup entendu parler d’eux, jusqu’à ce que les forces mixtes de l’Opération Fahalemana 2015 décident de faire appel à certains d’entre eux.
Riana Randrianarisoa