Le syndicat des magistrats, des greffiers et des pénitentiaires ont dénoncé les atteintes à l’indépendance de la Justice. Un front unique en réaction, notamment, à un événement, à Ampanihy.
La goutte de trop. Une fois n’est pas coutume, le syndicat des magistrats, celui des greffiers et des pénitentiaires ont convié les journalistes pour un point de presse conjoint, samedi, à la Cour suprême, Anosy. À l’unisson, les trois entités ont dénoncé les multiples atteintes à l’indépendance de la Justice et au non-respect des lois et procédures judiciaires.
« Nous condamnons tout acte piétinant l’indépendance, les valeurs et le travail de la Justice. (…) toute action directe ou indirecte pour obliger un juge, un greffier, ou un membre de l’administration pénitentiaire à agir contrairement à la loi et le non-respect de la loi sous toutes ses formes », soutient la déclaration conjointe des trois entités s’étant présentées devant la presse, samedi.
Le document lu par Rojovola Bora, vice-présidente du Syndicat des magistrats de Madagascar (SMM), rappelle que ces derniers temps, le non-respect des procédures judiciaires, des décisions de justice, l’interventionnisme dans les affaires judiciaires, ou encore, la perturbation d’audience du tribunal, entre autres, tendent à s’amplifier. L’affaire Claudine Razaimamonjy, qui défraye les chroniques a confirmé, aux yeux du public, les maux qui rongent le système judiciaire dans la Grande île.
« La mutinerie » de quelques agents pénitentiaires, à Manakara, la semaine dernière, a aussi, fortement écorné le bien-être du système judiciaire. Quelques chuchotements indiquent que la conférence de presse de, samedi, a été, surtout, motivée par un événement récent qui s’est déroulé, à Ampanihy, à la fin de la semaine dernière.
Avertissement
Outre affirmer d’une certaine manière la cohésion des trois entités après les faits de Manakara, le point de presse de samedi, avait, surtout, pour objet d’envoyer un message à l’endroit des hauts responsables étatiques, suite aux événements d’Ampanihy. « Cela suffit. Il n’est plus acceptable que des élus se permettent de faire pression, voire menacer un magistrat de la sorte dans le but de changer une décision de justice », fulmine un membre du SMM.
« Nous appelons tous les chefs d’institution à prendre des mesures immédiates », ajoute la déclaration lue à la Cour suprême, Anosy. Des informations confirmées par des responsables locaux indiquent que « des parlementaires », notamment, « sont les auteurs de l’ingérence », dans l’affaire, à Ampanihy.
Si l’on se réfère à d’autres faits comme le dossier Razaimamonjy, ou encore, la plainte pour « menace », contre le sénateur Riana Andriamandavy VII, et la poursuite contre le sénateur Lilyson René de Rolland, les chefs des institutions interpellés ou concernés ont préféré garder leur distance. « L’indépendance et la souveraineté de la Justice », étant l’argument martelées. C’est ainsi, que le président de la République, le Premier ministre, ou encore, le président du Sénat, essaient de ne pas s’embourber dans les affaires judiciaires brûlantes de ces derniers mois.
Pour résorber les maux de la société, « l’exemplarité », des responsables étatiques élus ou nommés, est tambourinée. Les fais comme celui d’Ampanihy, démontrent que sur terrain, ce n’est pas le cas. « Nous lançons un avertissement contre tous ceux qui, délibérément, continuent de ne pas respecter la loi », tonne la déclaration de, samedi. Certaines indiscrétions avancent que les faits d’Ampanihy pourraient avoir dégoupillé une forte réaction du système judicaire si rien n’est fait.
Garry Fabrice Ranaivoson