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Antonio Sanchez-Benedito –« Nous voudrions plus de résultats »

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L’ambassadeur de l’Union européenne annonce que l’Europe est prête à soutenir les efforts du gouvernement, même si les résultats se font encore attendre en matière de gouvernance, notamment, en matière de lutte contre la corruption. Le Programme indicatif national (PIN), base de la coopération pour les prochaines années, devrait être signé dans les prochaines semaines.

• Quelles sont vos impressions par rapport aux projets que vous avez récemment visités dans le Nord du pays ? 
– Une appréciation positive. Je pense qu’il faut sortir de la capitale et aller sur le terrain. J’aime beaucoup connaître les différents projets que l’Union européenne met en œuvre, appuie et finance. J’ai apprécié rencontrer les bénéficiaires, les écouter et connaître leurs inquiétudes et leurs soucis, mais aussi voir comment on peut continuer nos actions pour assurer que nos réalisations ont de réels impacts. Nos projets consistent à renforcer les capacités de la population, à assurer la connectivité, à lutter contre les enclavements, à faciliter les échanges, et les conditions de vie de la population. J’ai pu constater que l’impact de nos interventions est réel.

• On dit toujours que les relations entre l’Union européenne et Madagascar sont au beau fixe, mais on constate aussi que les décaissements des aides ne sont pas encore à l’ordre du jour. Qu’en est-il exactement ?
– Nous venons de visiter des projets de l’Union européenne. Il y a des décaissements parce que différentes interventions ont lieu dans plusieurs domaines. Les relations entre l’Union européenne et Madagascar ont été, depuis l’indépendance, excellentes. Mais il est vrai aussi que l’Union européenne a dû adapter ses appuis et ses relations aux vicissitudes et aux différentes étapes traversées par Madagascar. Pendant la période de transition, il y avait eu une rupture constitutionnelle, et nous avons dû suspendre une partie de notre coopération pendant quelques années. Cela a eu un impact sur la population, et cela a aggravé la situation du pays. Mais nous y étions obligés. Dans le cadre de notre coopération, notamment de l’accord de Cotonou, il y a des engagements à respecter de part et d’autre.

• Apparemment, Mada­gascar n’a pas respecté les siens   …
– Quelques engagements n’ont pas été respectés, et nous étions obligés de prendre certaines mesures. Heureusement, cette situation s’est réparée après les élections présidentielles et législatives. La constitution du nouveau gouvernement a aussi entraîné la reconnaissance internationale. Depuis, nous avons travaillé dans un double sens fondamental. Le premier était de relancer le dialogue politique entre l’Union européenne et Madagascar, à plusieurs reprises, au niveau du Président, au niveau de la primature, mais aussi au niveau sectoriel. Le deuxième point était de déclencher
une aide immédiate pour Madagascar. Cette aide était adaptée aux circonstances d’énormes fragilités dans lesquelles le pays se trouve toujours, avec  notamment un appui budgétaire. Nous avons déboursé une première tranche de cet appui budgétaire, d’un montant de 65 millions d’euros, en 2014. Ce qui était un geste de confiance et d’encouragement. En 2015, nous avons términé le processus pour que le décaissement puisse se faire. J’insiste : il y a décaissement, il n’y a pas de blocage. Notre aide est réelle.

• L’Union européenne fait-elle donc confiance au gouvernement ?
– Nous avons confiance au gouvernement, aux institutions et au peuple malgache. Même si nous connais­- sons les difficultés et même si nous sommes conscients des fragilités, nous voudrons aussi voir une amélioration de certaines situations. Mais, le troisième point sur lequel je voudrais insister, le travail prioritaire, c’est d’établir les bases d’une coopération stratégique à plus long terme entre Madagascar et l’UE dans le cadre de
11ème FED. Une bonne nouvelle d’ailleurs, les États membres de l’Union européenne viennent d’approuver le Programme indicatif national (PIN). Ils ont  indiqué que le PIN était prêt pour la signature. Et cela va être signé dans les prochaines semaines. Normalement, ce sera à Bruxelles.

• Pourriez-vous parler davantage de ce plan indicatif national ?
– Le PIN va établir les piliers de la coopération à long terme entre l’Union européenne et Madagascar à l’horizon de l’année 2020, avec une enveloppe bilatérale de plus de 500 millions d’euros, 518 millions d’euros pour être précis, avec trois secteurs de concentration sectorielle et trois régions de concentration. Les trois secteurs, ce sont l’appui au renforcement des institutions et des capacités de l’État, les infrastructures, y compris l’énergie, et finalement, le développement rural. Les trois régions de concentration, ce sera le Nord, autour du pôle d’Antsiranana, la partie centrale du pays, d’Antananarivo à Toamasina, puis le Sud, autour du pôle de Fort Dauphin. Il s’agit de régions qui ont pas mal de défis, mais en même temps des régions avec une énorme croissance économique. Parce que, de plus en plus, on voudrait que notre coopération serve aussi à créer les bases d’une reprise économique. On veut être ambitieux avec notre appui.

• Les conditions sont-elles aujourd’hui bien remplies pour la deuxième tranche des aides de l’Union européenne ?
– Dans une large mesure, oui. Ce sont des conditions qui ont à voir avec la planification au développement et avec les engagements en matière de développement. Il y a aujourd’hui le PND (Plan national de développement), le PMO (Plan de mise en œuvre), la PGE (Politique générale de l’Etat). Ce sont aussi des conditions liées à la bonne gouvernance, la transparence dans la gestion des ressources publiques, la lutte contre la corruption, puis des conditions relatives à la stabilité macroéconomique. Il y a encore pas mal de chemins à parcourir, c’est la réalité. Nous avons suivi de près les conversations avec le FMI. Nous avons participé à pas mal de réunions avec les responsables du FMI et nous partageons les mêmes conclusions. Il y a un gap financier important, il y a toujours des sociétés commerciales à participation étatique qui constituent de véritables hémorragies des fonds publics. Je pense à la Jirama, je pense à Air Madagascar, avec un service qui laisse beaucoup à désirer et qui, en même temps, nécessite beaucoup d’interventions de la part de l’État. Mais malgré tout cela, le FMI a constaté qu’il y avait des efforts de la part du gouvernement, qu’il y avait un programme de redressement de la stabilité macroéconomique. Ils ont accordé une facilité de crédit rapide, avec la possibilité d’aller vers une Facilité élargie de crédit. Et à l’Union européenne, nous faisons la même constatation. Nous croyons qu’il faut améliorer la situation macroéconomique, mais en même temps, nous pensons qu’on peut aller de l’avant avec l’appui budgétaire.

• En matière de bonne gouvernance, que doit encore faire l’État malgache ?
– Nous croyons qu’il faut renforcer les institutions malgaches, l’indépendance du pouvoir judiciaire. Il faut renforcer l’autonomie et le travail du Bianco, qui est fait dans des conditions très difficiles. Il faut continuer à lutter contre la corruption. Il y a un engagement ferme de la part du gouvernement, du président de la Répu­blique mais nous attendons plus d’actions. Il y a l’engagement, il y a un cadre légal qui est bon et les institutions se renforcent, mais nous voudrions voir plus de résultats. C’est pourquoi on tend la main avec nos partenaires pour aider. Dans le paquet post-électoral, et comme complément de notre appui budgétaire, nous avons mis en œuvre et nous sommes en train de mettre en œuvre un programme d’appui à l’administration qui s’appelle administration pour tous. Cela va dans le sens du renforcement des capacités de l’administration dans la lutte contre la corruption. Nous connaissons les difficultés, mais nous espérons que ces engagements donnent des résultats.

Propos rapportés par Raheriniaina


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