Président de la CENI, durant la première partie de la Transition, maître Hery Rakotomanana rempile et présidera l’entité électorale durant les six prochaines années.
Retour au bercail. Immédiatement après leur prestation de serment jeudi matin, les sept membres de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), se sont réunis, dans l’après-midi pour mettre sur pied leur règlement intérieur, mais aussi, pour constituer le bureau de l’entité électorale, notamment, l’élection de son président. Et l’heureux élu est maître Hery Rakotomanana.
Ancien bâtonnier de l’ordre des avocats, l’homme est surtout connu pour avoir déjà brigué le poste de président d’une Commission électorale. La première structure électorale de l’histoire de Madagascar, mis sur pied lors de la première partie de la Transition. L’organisation du référendum constitutionnel de 2010 est son principal fait d’arme. Avant d’y avoir été évincé suite à la signature de la Feuille de route, instituant la Commission électorale nationale indépendante pour la Transition (CENI-T).
Ayant ensuite constitué une nouvelle organisation de la société civile nommé Groupe des experts nationaux (GEN), avec certains de ses anciens compagnons d’arme de la première CENI, Hery Rakotomanana a été parmi les rédacteurs des rapports d’observation électorale particulièrement acerbes et critiques vis-à-vis de l’organisation des votes par la CENI-T. Le premier mandat de l’ancien bâtonnier à la présidence d’une Commission électorale n’a, pourtant, pas été moins cahoteux.
Fort taux d’omis dans la liste électorale, ou encore problème de distribution des cartes électorales, ont émaillé les préparatifs du référendum de 2010. La décision, de la CENI de l’époque, autorisant l’usage du carnet du « fokontany », pour voter, avait scandalisé plus d’un observateur et analyste. Surtout que les soupçons
de fraudes se faisaient insistants.
Expérience
Ce bilan terne, outre, le système de représentation au sein de la CENI-T, imposés par les textes connexes à la Feuille de route, aurait, probablement, contribué à lui barrer la route d’une éventuelle reconduction, pour organiser les élections de sortie de crise. « Il faut dire que le contexte actuel et celui de l’époque sont différents. La Transition était une période particulière, où il fallait gérer plusieurs enjeux sensibles. Il faut aussi reconnaître que je manquais d’expérience, mais ce n’est plus le cas. En plus le contexte est tout à fait différent », déclare le nouveau président de la CENI, en marge de la présentation du bureau de l’entité électorale, hier, à Alarobia.
Fort de son expérience, mais aussi après avoir joué le rôle d’analyste et observateur électoral, il est légitime que l’opinion attende du retour aux affaires de maître Rakotomanana à la présidence de la CENI, qu’il puisse combler les lacunes récurrentes de l’organisation des élections à Madagascar. Annihiler les systématiques soupçons de fraude, est l’enjeu principal. Surtout que, n’ayant pas été le seul prétendant à la présidence de la Commission électorale, son expérience dans la conduite d’une entité électorale indépendante, a été parmi les arguments qui ont plaidé en la faveur de l’avocat.
Le premier test est l’organisation des élections sénatoriales. Aussi, pour l’ancien bâtonnier, il n’est pas encore question de réforme de fond sur le plan technique, notamment. « Il ne faut pas être prétentieux, nous sommes pressés par le temps. Pour les sénatoriales, faire avec ce qu’il y a déjà me semble logique [méthodologie et logiciel informatique, entre autres]. D’autant plus, qu’avant toute réforme, il faudra encore faire un état des lieux », explique le président de la CENI. Mettre en place les démembrements de la Commission électorale et fixer le budget nécessaire, en vue des élections du 29 décembre, sont les priorités désignées par le numéro un de la Commission électorale.
Thierry Rakotonarivo et Olivier Ramahadison, à la vice présidence, Ernest Razafindraibe et Fano Rakotondrazaka, porte-parole et enfin, Fanomezantsoa Rakotonirina et Charles Randriarimanana, conseillers, complètent le bureau de la CENI, en attendant le statut que brigueront le représentant de la Haute cour constitutionnelle (HCC), élu hier, et celui du Sénat, le moment venu.