Au programme de la ministre française de l’Outre-mer s’inscrit une visite dans les îles Tromelin
et Glorieuses. Une affirmation de la souveraineté de l’Hexagone sur ces atolls, pour certains.
Coïncidence ou contextuel Une question qui se pose dans le microcosme politique et diplomatique, à entendre le programme du séjour de George Pau-Lavegin, ministre française de l’Outre-mer, dans la région océan Indien, cette semaine. Dans son circuit figure une visite des îles Tromelin et Glorieuses.
Le contexte dans lequel intervient cette visite la rend d’autant plus intrigante. Depuis quelques semaines, en effet, la revendication de la rétrocession des îles éparses à Madagascar, comme le prévoit la résolution des Nations-Unies (ONU), de 1979, enflamme les débats politiques à Madagascar.
Des actions tonitruantes dont les échos dépassent les frontières de la Grande île. Les observateurs n’hésitent pas à considérer cet acte comme une velléité française d’affirmer sa souveraineté dans les îles éparses, alors qu’une négociation sur le sujet est en cours avec la Grande île.
Mayotte 1ère, sur son site web, est le premier à faire le raccourci en titrant « La ministre de l’Outre-mer, en service commandé, dans les îles épares ». La chaîne rappelle, pourtant, la sensibilité du dossier à Madagascar, depuis quelques semaines. Malgré la résolution de l’ONU, la France refuse de restituer les îles Juan de Nova, Glorieuses, Bassas da India et Europa à Madagascar. Le parlement français a même voté, en 2007, l’intégration de ces terres dans le cinquième district des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF).
Lors d’une visite au maire d’Antananarivo, il y a quelques semaines, Véronique Vouland, ambassadeure de France avait réaffirmé que les îles éparses appartiennent à la France.
Stratégie
Ce fut le point de départ de la vague d’indignation, ayant redonné de l’élan aux revendicateurs. L’État a réagi sur le sujet, la semaine dernière. À entendre Hery Rajaonarimampianina, président de la République, la position malgache est claire, les îles éparses sont malgaches.
Seulement comme la résolution de l’ONU prévoit que « la réintégration des îles séparées arbitrairement de Madagascar », se fera par une négociation entre les deux pays, le pouvoir compte s’y conformer et de préférence, agir en coulisse et de manière apaisée. La France elle semble toutefois, opérer une autre approche diplomatique. Les propos de la diplomate sont suivis de cette visite ministérielle.
Au début du mois d’octobre, une opération militaire des Forces de la zone sud de l’océan Indien (FAZSOI), s’est aussi déroulée sur Juan de Nova. « Il n’y a plus d’équivoque, la France engage une offensive diplomatique pour affirmer sa souveraineté sur les îles éparses », soutient Harimanana Raniriharinosy, docteur en relation internationale. Selon Béatrice Atallah, ministre des Affaires étrangères, l’ambassadeure Vouland, l’aurait contacté hier matin pour l’informer du périple de la ministre Pau-Lavegin.
La visite de Tromelin serait alors pour commémorer le naufrage d’un navire transportant des esclaves, dont des malgaches, au large de cette île. Et dans les Glorieuses, le membre du gouvernement français serait en visite pour constater et apprécier la biodiversité de l’île. Restant dans la ligne étatique, la ministre Atallah, ne souhaite pas s’enflammer sur le sujet. « Le fait que l’État français ait pris l’initiative de nous prévenir pourrait être une manière d’éviter que cette visite n’impacte pas sur les négociations en cours et marquer son respect à Madagascar », indique-t-elle.
Pour l’heure, cependant, à part cette information téléphonique, la Grande île n’a pas encore reçu de notification par lettre officielle. La question qui se pose est si la nature de l’événement de Tromelin serait de tradition ou ponctuel et pourquoi avoir programmé la visite des Glorieuses. Le président Rajaonarimampianina a soutenu, devant la presse, vendredi que ce sujet fait l’objet d’une diplomatie de haut niveau. Qu’il ne discute qu’avec son homologue français, si nécessaire. Toutefois, étant donné les enjeux économiques et stratégiques des îles éparses, il faudrait, probablement, s’attendre à ce que tous les coups soient permis, pour prendre le dessus.
Garry Fabrice Ranaivoson