Sur le plateau de Mayotte 1ère mardi, la ministre George Pau-Langevin a soutenu que sa visite sur les Glorieuses est pour y affirmer la présence française. Madagascar, pour sa part, table sur une diplomatie discrète.
Contre-offensive. Face au tapage concernant les îles éparses ces derniers temps à Madagascar, la France semble engager une riposte diplomatique et médiatique, dans les médias régionaux, avec la visite de George Pau-Langevin, ministre française de l’Outre-mer.
Sur le plateau de Mayotte 1ère, mardi, la ministre a soutenu que sa visite dans les Glorieuses, faisant partie des îles éparses, était pour y affirmer la présence française.
« C’est vrai que nous avons prévu ce voyage pour affirmer la présence de notre pays aux Glorieuses. Hier j’ai vu Tromelin, car vous savez qu’il y a en ce moment l’anniversaire du TAAF [Terres australes et antarctiques françaises] avec une exposition qui rappelle le sort de ces esclaves oubliés à Tromelin (…) », a déclaré la ministre Pau-Langevin, sur le plateau de Mayotte 1ère.
Le fait que l’anniversaire du TAAF se tient sur Tromelin indique que la France s’en tient toujours aux termes de la loi voté par son Parlement, en 2007, intégrant les îles éparses parmi les terres australes et antarctiques françaises. Et comme l’a affirmé la ministre de l’Outre-mer, la visite aux Glorieuses entre donc, aussi dans cette optique. « La loi de 2007 ne devrait pas supplanter la résolution des Nations-Unies, légitimée par le vote d’une large majorité des membres, mais face aux tapages malgaches de ces derniers temps, la France souhaite, probablement, dire qu’elle est toujours présente sur le dossier et d’affirmer sa position », argue pourtant un enseignant en diplomatie.
Lors de la commémoration de l’armistice du 11 novembre 1918, hier, au mémorial d’Anosy, Véronique Vouland, ambassadeure de France a esquivé la presse concernant la question sur les îles éparses. Dans la tourmente actuelle, la cérémonie d’hier a, en effet, été l’occasion d’afficher l’amitié et le lien historique entre Madagascar et l’Hexagone.
Discrète
En face, l’État semble souhaiter ménager la chèvre et le chou. Sortir vainqueur du bras de fer sur les îles éparses, sans entamer la bonne relation entre les deux pays, surtout que la Grande île ne peut pas se passer du soutien de la France dans son opération de séduction des bailleurs.
L’Exécutif opte ainsi, pour une diplomatie discrète. Une stratégie réaffirmée par le général Dominique Rakotozafy, ministre de la Défense nationale, en marge de la commémoration d’hier, à Anosy, assimilant le dossier à un conflit foncier qui nécessite une négociation sans heurt, voire l’arbitrage d’un tribunal.
« Dans ce genre de situation, ceux qui font du tapage ne sont pas forcément les propriétaires », a-t-il lancé, rappelant que selon la résolution des Nations Unies, les îles éparses appartiennent bel et bien à Madagascar.
L’instance internationale que sont les Nations-Unies a, toutefois, déjà tranché en faveur de Madagascar. Dans certains conflits territoriaux, la présence dissuasive, voire coercitive des forces de l’ordre est, souvent, nécessaire pour appliquer la décision du tribunal. Sur ce point, la balance des forces penche du côté de la France.
L’Hexagone dispose déjà d’une troupe militaire basée à temps plein sur l’une des îles. Dans la situation actuelle, la stratégie de diplomatie discrète voulue par l’État malgache, pourrait laisser perplexe.
« Je pense que les tapages ne sont plus nécessaires. La sonnette d’alarme a déjà bien résonné et porté son effet, avec la sortie de la Russie. Un pays disposant du droit de veto au Conseil de sécurité. Le soutien de la Chine est aussi à prévoir, ainsi que celui d’autres pays, étant donné l’attrait stratégique des mers malgaches. Continuer le chahut risque, au contraire, d’engendrer une opposition de la France », estime l’enseignant contacté.