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Art plastique – Un voyage en peinture chez « Max et les ferrailleurs »

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Homme de passion comme on en voit rarement, Bruno Chateauneuf est connu par ses pairs sous son pseudonyme de Max. Il partage, avec nous, plus de vingt ans de quête d’œuvres d’art.

Un noble métier que celui de l’antiquaire. C’est presque l’équivalent de celui du gardien des vestiges de l’Histoire, notamment lorsque cela se rapporte à l’art et à l’artisanat. C’est donc là un métier qui a une valeur culturelle inestimable et Bruno Chateauneuf, Max le ferrailleur pour ses amis, entend bien le faire savoir à son public.
Collectionneur d’affiches et d’objets publicitaires à la base, il commence par collecter des tableaux avant son arrivée à Madagascar en 1989. À partir de 1992, son intérêt  se porte particulièrement sur les œuvres d’art malgaches, notamment les fresques d’illustres peintres anciens. Il ouvre son quartier général du côté d’Isoraka où il tient une brocante dans laquelle couleurs et découvertes règnent à travers l’art et l’artisanat intemporels. Depuis et jusqu’à aujourd’hui, il est certainement le seul à sillonner l’Europe à la recherche de ces œuvres d’art originaires de la Grande île, qui s’y seraient « égarées » depuis la fin de la colonisation.
À l’heure actuelle, les tableaux que renferme sa collection, reflètent une époque où la peinture malgache commençait à peine à se dévoiler et à s’approprier sa propre identité. Ils illustrent une histoire de Madagascar que la génération actuelle, qu’elle soit passionné d’art ou artistes de talent, se doit de connaître et de découvrir. « J’ai dans ma collection des œuvres d’époque, que les colons eux-mêmes avaient achetées dans les années 20, et ce sont leurs descendants qui, plus tard, les ont remises sur le marché », confie Max.
Le patrimoine colonial, dont font partie ces fresques anciennes, a désormais une très grande valeur sur le marché de l’art international. Max se fait un devoir d’aller à leur quête et de les rapatrier dans leur terre natale.

L'une des pièces rares de la collection de Max le ferrailleur est cette toile de Rakotovao inspirée du village d'Ambohimandroso. Réalisé le 16 octobre 1926, il l’a dédiée au lieutenant Lacoste.

Devoir de mémoire

De telles œuvres d’art font ainsi partie du patrimoine malgache, et il importe pour le public de les découvrir et de les récupérer. Des amoureux de l’art s’efforcent aujourd’hui de les valoriser. Max le ferrailleur, lui, s’active également dans le domaine artistique à travers ce qu’il appelle l’art industriel. Il récupère les matières métalliques pour en confectionner des objets, tels que des lampes et des sculptures. Il envisage de monter une association d’artistes pour pouvoir perpétuer sa passion pour l’antiquité et l’art en général. Une association dont les activités tourneront surtout sur les arts dits coloniaux qui gagnent en prestige et que les passionnés achètent à prix d’or, telles les œuvres des peintres malgaches. Dans sa caverne d’Ali Baba, Bruno Chateauneuf possède une belle collection de toiles et de tableaux originaux, inédits et même exclusifs pour certains. On y retrouve, entre autres, les illustres Gaston Rakotovao, Henri Ratovo, Randriantsoa, Rabe, Ratody, Rambinintsoa, Bernard Ranjato, Gilbert Rakoto, Rabeza et Emile Ralambo. Leurs créations datent du premier tiers du siècle dernier, entre 1903 à 1938, mais elles sont également plus récentes telles celles des Rasolofoson père et fils ou celles du peintre contemporain Isaac.

Max le ferrailleur affectionne particulièrement les fresques qui illustrent des scènes de vie.

Un enfant du pays

« En vingt ans, le visage de la Grande île a malheureusement beaucoup changé et cela déteint sur la créativité des artistes », confie Max le ferrailleur. Puis d’ajouter : « Si auparavant, Madagascar resplendissait de joie, aujourd’hui on y retrouve plus de tristesse et de pau­vreté au fur et à mesure que la vie sociale régresse. » Il s’est senti chez lui, dès qu’il a débarqué pour la première fois, à Madagascar. Un vrai coup de foudre, autant culturel qu’artistique. Sa rencontre avec les artistes malgaches n’est pas du tout anodine non plus, car cela a toujours été son souhait. Au départ, il s’est intéressé grandement autant à la sculpture qu’à la littérature malgache. Ce sont les tableaux anciens qui ont ensuite attiré son attention. Les artistes malgaches sont connus et très appréciés de par le monde pour leur talent particulier, notamment parce qu’ils sont pour la plupart autodidactes. Il estime qu’il serait utile d’ouvrir des écoles ou institutions où l’on initierait le plus d’artistes aux bases et aux normes de l’illustration et de la peinture en général. On leur apprendrait également à mieux appréhender le marché de l’art en général, à  gérer et à mieux vendre leur talent. On insisterait surtout sur une pédagogie plus approfondie de l’art afin que les artistes actuels ne se dispersent pas trop. Une initiative que Bruno Chateauneuf entend entreprendre d’ici peu également.

Le film de Claude Sautet en 1971 «Max le ferrailleur» a beaucoup inspiré Bruno Chateauneuf.

Entre passion et patience

Bruno Chateauneuf se passionne pour ce que l’on appelle dans le milieu, l’art premier ou l’art tribal,
originaire du continent africain en général, de l’Indonésie et même de l’Océanie. Max le ferrailleur affirme d’ailleurs : « J’ai fait du mieux que j’ai pu, toutes ces années et jusqu’à aujourd’hui, pour collectionner ces œuvres, tout en collaborant avec plusieurs artistes nationaux. J’essaie autant que je peux et selon mes moyens, d’aider aussi bien les artistes contemporains que ceux qui font du figuratif ou des paysages. » Bien au-delà de sa passion pour la peinture malgache, Bruno Chateauneuf affectionne beaucoup la sculpture et l’artisanat malgaches dans toute sa splendeur. Néanmoins, il regrette le fait que, dans leur majorité actuelle, les sculpteurs locaux ne s’appliquent plus assez. Au contraire, ils tendent tous vers le gaspillage de matériaux. C’est pourquoi, il se plaît régulièrement à partager ces œuvres auprès de son public, notamment à travers une ou deux expositions par an où il présente principalement sa propre collection.


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