Alors que les députés réclament la restitution des armes saisies chez le député Mara, les gendarmes ont arrêté le neveu de ce dernier pour fabrication d’armes illégales.
Du fil a retordre pour les parlementaires. Mercredi, ils ont clamé haut et fort la restitution sans équivoque du cheptel bovin et des armes, saisis sur le député d’Ankazoabo-Sud Mara Niarisy et sa famille. Il en est de même pour la libération des personnes mises en détention préventive dans la cadre cette affaire, sur fond de vols de bétail et de détention illégale d’armes à feu, ayant déclenché l’ouverture d’une enquête parlementaire. Cependant une incarcération toute fraîche vient leur donner du grain à moudre.
Vendredi, le neveu du député Mara Niarisy âgé d’une vingtaine d’années a été placé sous mandat de dépôt à la maison d’arrêt d’Ankazoabo-Sud. Le jeune homme est inculpé pour production de cartouches de fabrication artisanale, utilisées pour les fusils de chasse. Il est recherché depuis le
15 septembre, lorsque des hommes de la compagnie de la gendarmerie d’Ankazoabo-Sud, appuyés d’une quarantaine de militaires de l’opération « Fahalemana », ont effectué une perquisition dans le domaine de l’élu, dans la commune d’Ebona, située à 45 kilomètres du chef lieu de district. Les forces de l’ordre ont alors mis la main sur quatre fusils de chasse de calibre 12, ainsi qu’un pistolet automatique de marque Unique, dont le propriétaire est décédé et dont les papiers y afférents ont expiré depuis 2008. De marque Baikal,
deux des fusils sont, en revanche, à l’état neuf. Seule l’une des armes retrouvées avait des papiers en règle. Des munitions de fabrication artisanales ont été au passage retrouvées, mais l’individu jeté en prison, vendredi, était alors introuvable.
Bras de fer
En inspectant la propriété, les gendarmes et les militaires avaient découvert, dans la foulée, deux cent soixante-huit têtes de bovidés. Certains papiers de ce troupeau seraient douteux, si l’on considère les traces d’effaceurs ainsi que les ratures relevées sur certaines fiches individuelles de bovidés.
Tout le troupeau est mis en fourrière à la commune d’Ankazoabo-Sud, et une vingtaine d’éleveurs qui affirmaient avoir été victimes de vols de bétail, se sont présentés à la gendarmerie, assurant reconnaître leurs bêtes dans le troupeau saisi. Entre deux à vingt têtes de bovidé ont été, de ce fait, remises à ces plaignants, sur procès verbal de restitution.
Les armes saisies dans le domaine de Mara Niarisy ont été remises au tribunal d’Ankazoabo-Sud en guise de pièces à conviction, ainsi que les cartouches. Se disant sidéré, le député Mara Niarisy a porté l’affaire devant la chambre basse, et l’ouverture d’une enquête parlementaire s’en est suivie. À l’issue d’un débat houleux tenu à l’Assemblée nationale, qui a vu, d’une part, le Premier ministre et quelques membres de son gouvernement, et d’autre part, Mara Niarisy et ses pairs, l’ouverture d’une enquête parlementaire a été décidée afin de calmer les ardeurs.
Dans la semaine du 16 novembre, des députés se sont rendus sur place pour mener une investigation. Revigorés lorsque la balance semblait pencher en leur faveur, les proches du député d’Ankazoabo-Sud ont présenté au tribunal un papier, selon lequel les armes en question appartiendrait à une seule personne, qui est une femme. En réveillant l’affaire, ils se sont attirés la foudre de la gendarmerie, qui du coup, a enquêté sur l’origine du document. Les éléments de la compagnie territoriale ont alors fouillé la ville de fond en comble pour coincer le fugitif. Arrêté le lundi 7 décembre, le quidam a été écroué vendredi.