Malgré ses difficultés, la dissolution de QMM SA ne semble pas encore à l’ordre du jour. La recapitalisation de la société par les actionnaires lui évitera cet ultime recours.
44 millions de dollars, soit plus de 140 milliards d’ariary. C’est le montant que le gouvernement malgache accepte d’injecter dans le capital social de la société Qit Madagascar Minerals SA (QMM) pour le sauver de la dissolution. Le projet de décret en ce sens a été adopté en conseil de gouvernement, hier. Ainsi, l’Office des mines nationales et des industries stratégiques (Omnis) est autorisé « à souscrire aux augmentations de capital social de la société anonyme Qit Madagascar Minerals SA (QMM SA) en lieu et place de l’État », souligne le communiqué du Conseil de gouvernement d’hier.
Sans cette recapitalisation, QMM risque la dissolution. « Si ses capitaux propres n’ont pas été reconstitués au plus tard le 31 décembre 2015, tout intéressé pourrait demander en justice la dissolution de la société », rappelle le communiqué du gouvernement. La loi sur les sociétés commerciales prévoit, en effet, que « si, du fait des pertes constatées dans les états financiers de synthèse, les capitaux propres de la société deviennent inférieurs à la moitié du capital social, le gérant ou, le cas échéant, le commissaire aux comptes, doit (…) consulter les associés sur l’opportunité de prononcer la dissolution anticipée de la société ».
« Avance »
Or, à en croire le gouvernement, les pertes de QMM SA s’élevaient en 2012 à plus de 78 millions USD alors que le capital social est à un peu plus de 40 millions USD. Des pertes qui se sont aggravées « du fait des conditions de marché difficiles entraînant une réduction de la production d’ilménite », poursuit encore le gouvernement. La dissolution avait été envisagée, mais comme cette option a été écartée à l’époque, la société est ainsi tenue, par la loi, « dans les deux ans qui suivent la date de clôture de l’exercice déficitaire de reconstituer ses capitaux propres jusqu’à ce que ceux-ci soient à la hauteur de la moitié au moins du capital social ».
Dans son communiqué, le gouvernement tient néanmoins à assurer que cette décision de recapitalisation de QMM n’a pas d’impact sur le budget de l’État. « L’avance octroyée par Rio Tinto (maison-mère de QMM SA) sera remboursée par les dividendes », prévient le gouvernement qui assure, par ailleurs, que « le procédé permet de maintenir le ratio de participation de l’État malgache dans le capital social de QMM à hauteur de 20% ».
Même s’il ne fonctionne plus à plein régime, QMM SA devrait donc pouvoir continuer à tourner. Depuis 2012, Rio Tinto, la compagnie-mère de QMM SA, un des géants mondiaux du secteur minier, avait déjà commencé à vendre ses branches ou à fermer certains sites de production. La décision ultime de dissoudre, elle, n’est pas encore prise pour sa filiale malgache.
Bodo Voahangy