Le président de la République répond à ses détracteurs et affirme être au fait des maux de la population. Tout en défendant son bilan, il annonce des directives, en réaction à certaines complaintes.
Dès le début de son discours, Hery Rajaonarimampianina, président de la République, donne le ton. À ceux qui ont réclamé l’annulation de la cérémonie de présentation de vœux, il rappelle que « nous sommes réunis ici, nombreux, dans le respect des valeurs du fihavanana ».
À ceux qui lui reprochent de rester dans son tour d’ivoire, il affirme savoir que « le quotidien du peuple est difficile. (…) j’entends la voix de la population, je sais tout ce qui se passe autour de moi et non, je ne me confine pas dans les murs de ce palais ». Et comme pour prouver qu’il entend les plaintes, il a ordonné que soient trouvées des solutions aux nuisances sonores de la centrale d’Antanandrano et que soit assainie la capitale.
Fustigé de toutes parts, Hery Rajaonarimampianina semble ne plus vouloir se laisser faire. « Parfois, les gens viennent me voir et me demandent si je ne suis pas trop tolérant par moment », confie-t-il. Il décide donc de répliquer, haussant parfois le ton, versant souvent dans l’ironie. Quand le Doyen du corps diplomatique, Mohammed Amar, souhaite une année 2016 qui verra une amélioration des conditions de vie de la population afin que la Grande île devienne un modèle, le chef de l’État répond que les actions des autorités visent déjà le bien-être de la population.
Mettant en avant quelques chiffres sur les résultats des opérations de vaccination contre la poliomyélite, la titularisation des maîtres FRAM dans la fonction publique, ou encore des travaux d’adduction d’eau potable, il conclut par un retentissant : « C’est du social, ça, mesdames et messieurs !!! », lance-t-il, entre ironie et sarcasme. « Tout cela est fait dans le but d’améliorer la santé et l’éducation. N’est-ce pas là se soucier du social de la population Tout cela ne se fait pas par miracle, cela ne se serait pas fait si l’État ne travaillait pas », scande-t-il encore.
Héritage
Le chef de l’État invite alors le gouvernement à mieux communiquer. « Plusieurs journaux seront nécessaires pour parler des réalisations », lance-t-il pour commencer. « Il faudrait que vous communiquiez aussi fort que vous avez parlé tout à l’heure pour faire connaître les résultats de vos actions », s’est-il adressé au Premier ministre.
Ayant donné rendez-vous aux Malgaches pour parler du « plus dur qui reste à faire », le chef de l’État a pourtant encore dû lever haut le bouclier de la défense de son bilan de l’année 2015 pour se défendre contre les tirs croisés dont il est victime. A presque mi-mandat, Hery Rajaonarimampianina reste fortement critiqué, tant par l’opinion locale, que par la communauté internationale, pour l’imperceptibilité, voire l’inefficacité, pour certains, des actions étatiques pour l’amélioration du quotidien de chaque ménage.
Et comme pour se dédouaner des difficultés actuelles, il rappelle qu’il a hérité d’une situation difficile dont il est aussi difficile de sortir. « Depuis les années 80, 90, 2000, nous avons été classés parmi les pays les plus pauvres », affirme-t-il. « Mais le pays n’a jamais pu se relever en raison des soubresauts politiques », ajoute-t-il. « C’est ce que nous devons alors redresser en premier lieu », poursuit-il encore.
Il revient alors sur les épreuves traversées par le pays en 2015, notamment les soubresauts politiques qui ont failli lui coûter son poste, et justifie l’absence de relance économique par l’instabilité politique connue par le pays. « Durant ces deux ans je me suis évertué à défendre la stabilité politique. Je suis convaincu que c’est un élément essentiel de la relance économique (…) », soutient le locataire d’Iavoloha.
Tablant sur la concrétisation des communales et des sénatoriales, il ajoute « (…) il s’agit maintenant de renforcer cette stabilité politique institutionnalisée pour accélérer la relance déjà entamée ».
Lova Rabary-Rakotondravony / Garry Fabrice Ranaivoson