Quantcast
Channel: L'Express de Madagascar
Viewing all articles
Browse latest Browse all 13398

Lutte contre la corruption – Madagascar en stagnation

$
0
0

Depuis trois ans, Madagascar patine en matière de performance dans la lutte contre la corruption. L’insuffisance de courage et de volonté politique est épinglée.

Embourbé. Selon les résultats des études présentées par Trans­parency international- initiative Madagascar, pour la troisième année, Mada­gascar obtient le score de 28/100 dans le classement mondial de l’Indice de perception de la corruption (IPC), pour l’année 2015. Depuis l’année 2013, les performances de la Grande île stagnent dans son combat contre ce fléau de l’administration.
« (…) le score de Mada­gascar dans l’indice de perception de la corruption stagne à un niveau alarmant depuis trois ans », a déclaré Frédéric Lesné, directeur exécutif de Transparency international-initiative Madagascar, pour débuter son discours, hier au centre culturel américain Tanjombato. Bien qu’elle soit proche de la moyenne de l’Afrique sub-saharienne qui est de 33/100, elle est largement en dessous de la moyenne pour la région océan Indien, 41/100 et de la moyenne mondiale, 45/100. « Ces notes sont
données en fonction de la corruption perçue dans l’administration publique », a indiqué Frédéric Lesné.
La corruption est pourtant indexée par les responsables étatiques et hauts responsables de l’administration publique. Lundi, lors de la remise de la lettre de politique générale sur la Réforme du secteur sécurité (LPG-RSS), qui coïncide avec le 2e anniversaire de son mandat, Hery Rajaonari­mam­pianina, président de la République, a rappelé que la lutte contre la corruption l’un des piliers pour reconquérir la confiance de la population et rétablir l’autorité de l’État.

« Pas assez »
« (…) Malgré les déclarations d’intentions répétées des plus hautes autorités de l’État, qui se disent prêtes à répondre aux nombreuses attentes d’actions concrètes pour enfin avancer dans le combat contre ce fléau, la perception du phénomène (…) ne s’améliore pas », a asséné, toutefois, Frédéric Lesné.
Les interventions d’hier acculent l’insuffisance de la volonté politique de l’État. Questionné sur l’appréciation de la volonté politique des décideurs malgaches dans la lutte contre la corruption lors d’une interview, en marge de la présentation d’hier, le directeur exécutif de Transparency international-initiative Madagascar a répondu « Pas assez ». Lutter contre la corruption « demande effectivement un grand courage politique, celui de s’attaquer, parfois de front, à des intérêts particuliers puissants », a-t-il soutenu dans son discours.
Soulignant que la guerre contre ce fléau nécessite aussi une ligne directrice, l’espoir d’obtenir un meilleur score sur l’IPC dans les années à venir est placée sur « l’application rigoureuse » de la nouvelle stratégie de lutte contre la corruption initiée par le Bureau indépendant anti-corruption (Bianco). Un plan sur dix ans, dont l’un des objectifs est d’atteindre les 50/100 d’ici 2025.
Présent à Tanjombato hier, Jean Louis Andriamifidy, directeur général du Bianco, s’est défendu en déclarant que « durant ces deux dernières années, nous nous sommes attelés à mettre en place les bases de la nouvelle stratégie de lutte. Le fait que ce chiffre n’ait pas baissé est déjà une satisfaction ». Mais le numéro un du Bureau d’Ambohibao égratigne, lui aussi, l’insuffisance de volonté politique des décideurs étatiques. « Le blocage dans la lutte contre la corruption est l’application de la loi. Il faut que cela change », a-t-il souligné.
La mise à disposition des moyens nécessaires aux organes de lutte est l’un des indicatifs de cette volonté politique. La nouvelle stratégie présentée par le Bianco et à laquelle a officiellement adhéré le président de la République prévoit que d’ici 2025, le budget alloué à la lutte contre la corruption compte 0,3% du budget étatique. Pour l’instant, il est de 0,1%, ce qui indique que des efforts sont encore à fournir sur ce point. À cela s’ajoute la nécessaire réelle indépendance vis-à-vis des interférences politiques dans les actions des organes de lutte, mais aussi, de la justice.

La justice encore au pilori

Mal en point avec les péripéties du dossier kidnapping de Toamasina, la justice s’inscrit toujours parmi les domaines où il y a une forte perception de la corruption, selon Frédéric Lesné. « Le nombre de poursuites engagées et de faits de corruption résolus permet de mesurer le degré de corruption, mais aussi la performance des autorités dans la lutte », a-t-il soutenu. Dans son allocution d’ouverture de l’événement d’hier, Robert Yamate, ambassadeur des États-Unis, a cependant pesté contre le fait que « les condamnations des gros bonnets sont quasi-inexistantes ». Il a même pris l’exemple d’un opérateur en bois de rose poursuivi pour corruption, laissé libre après quelques jours sous mandat de dépôt et autorisé même à sortir du pays, alors qu’en principe le dossier de poursuite n’est pas clos.


Viewing all articles
Browse latest Browse all 13398

Trending Articles