Pour ses deux ans de mandat, le président de la République s’est prêté au jeu de l’interview en direct. Tout en défendant son bilan, le chef de l’État s’est, aussi, dédouané des aléas sociaux bouillants.
Parade. Pour marquer le 2e anniversaire de sa prestation de serment, le 25 janvier 2014, qui sonne le début de son 3e année de mandat, Hery Rajaonarimampianina, président de la République, s’est plié au jeu de l’interview en direct dans l’émission « Ady gasy », de la Rnm-Tvm, hier, au palais d’État d’Iavoloha.
Durant plus d’une heure, ses interviewers ont donné la latitude nécessaire au chef de l’État pour défendre son bilan et répondre aux rafales de critiques. Il s’est, notamment, dédouané face aux faits de société les plus sensibles de ces deux dernières années.
Presque tous les sujets qui ont animé l’actualité durant les deux premières années de mandat de Hery Rajaonarimampianina ont été abordés. Chaque question semble avoir été posée pour permettre au chef de l’État de bétonner son cheminement dans la conduite des affaires étatiques, mais également pour qu’il puisse plaider sa cause face aux multiples blâmes de l’opinion. « Le Président ne se défile pas face à ses responsabilités », a déclaré le président de la République.
Sur certains sujets, le chef de l’État a, pourtant, imputé l’essentiel des charges soit à des entités locales, soit à des organisations syndicales ou à l’inconscience collective. Le plus récent des problèmes de société concerne la salubrité et la réfection des routes d’Antananarivo.
« (…) Tout le monde a sa part de responsabilité dans le développement, surtout les autorités. Ce n’est pas l’apanage du Président. Le problème des ordures devrait-il concerner directement le Président, alors qu’il suffirait que chacun fasse son travail pour qu’il soit résolu », a-t-il soutenu.
Sur l’incapacité de la société Jirama à satisfaire les besoins des abonnés, jusqu’ici, alors que qu’à son investiture, le locataire d’Iavoloha avait annoncé que le délestage serait résolu « en trois mois », et qu’à cela s’ajoute maintenant le problème d’alimentation en eau potable, il réplique, notamment, « je ne me défile pas, mais nous héritons d’un problème épineux et profond (…) ». Concernant les difficultés de la société Air Madagascar pourtant, le Président a identifié les responsables : les employés qui ont tenu plusieurs semaines de grève, oubliant qu’il était président du conseil d’administration de la compagnie quand celle-ci a acquis les Airbus controversés.
Lapsus
Sujet incontournable, la politique a aussi été abordée hier. Le sujet plus récent concerne les débats autour des élections sénatoriales. Selon Hery Rajaonarimampianina, qui s’est posé en défenseur du Hvm, les différentes critiques sur la sincérité du scrutin du 29 décembre sont des manœuvres des politiciens et de certaines entités politiques, pas fairplay et qui ont mal préparé les joutes électorales. La Haute cour constitutionnelle (HCC), reconnaît pourtant, l’existence de tentative d’influencer le secret du vote dans la province de Toliara.
Questionné par ses interviewers, le locataire d’Iavoloha s’est défendu sur ses voyages à l’étranger en soutenant que durant la Transition, Madagascar était encore sous les sanctions internationales, raison pour laquelle les déplacements étaient limités. « Madagascar est membre de plusieurs instances internationales, où notre participation et ma présence est nécessaire, mais je n’honore par toutes les invitations car il y a des priorités », a-t-il expliqué.
Emporté par son élan sur ce sujet, le chef de l’État a même listé l’Union européenne, parmi les organisations internationales dont la Grande île est membre ou affiliée.
En tout cas, dans son discours de présentation des vœux, le 8 janvier, Hery Rajaonarimampianina a indiqué que les bénéfices de ses déplacements et de ses opérations de charmes internationaux dépasseront largement les charges. En somme, à entendre le président Rajaonarimampianina, les problèmes qui agitent le pays, durant ces deux dernières années, qu’ils soient politiques, sociaux ou économiques, sont les conséquences des mauvaises gouvernances précédentes, ainsi que de l’inconscience collective que cela a engendrée. « Si le chef de l’État parle de changement de mentalité et de comportement, ce n’est pas en claquant des doigts que cela va se faire », a lancé l’ancien ministre des Finances de l’époque de la Transition.
Visiblement, certains de ceux qui sont en charge de l’application des directives et de la ligne présidentielle ne suivent pas la cadence ou jouent à contre temps. Un point qu’il a, à demi-mot, reconnu, hier. Quelques retouches d’effectif pourraient alors, s’avérer nécessaire. Quoi qu’il en soit, le Président de la République concède que plusieurs des objectifs fixés à ses débuts restent à atteindre, que des erreurs ont été faites et des leçons sont à tirer. « Après la crise, la population est impatiente et veut des résultats. (…) pour moi, je suis encore plus près de la grille de départ que la ligne d’arrivée », a-t-il conclu. Beaucoup restent à faire.