Hery Rajaonarimampianina a considéré les critères politiques en désignant les sénateurs nommés. Le Président semble décidé à assurer sa majorité au Sénat.
Choix calculé. Selon la Constitution, le choix du chef de l’État se fait « pour partie, sur présentation des groupements les plus représentatifs issus des forces économiques sociales et culturelles et pour partie en raison de leur compétence particulière ». De prime abord, toutefois, la liste publiée hier, semble avoir été édifiée afin de s’assurer que l’assise présidentielle au Sénat ne fasse l’objet d’aucune mauvaise surprise.
Difficile de ne pas considérer les couleurs politiques de certaines des personnalités nommées, à la vue de la liste des vingt-et-un nommés. Exit de la liste TIM de l’ancien président Marc Ravalomanana et le Mapar de Andry Rajoelina, ancien président de la Transition. « Cette liste est celle du Président, visiblement, comme il sait qu’il ne peut pas compter sur le TIM ni sur le Mapar, il semble avoir choisi ceux qui pourraient l’aider pour les élections de 2018 », déclare Guy Rivo Randrianarisoa, député TIM.
Pour Rivo Rakotovao, ministre d’État et président national du parti HVM, « le Président a choisi l’ouverture à ceux qui sont décidés à soutenir son programme et à collaborer avec lui. (…) C’est un choix logique, il ne pourra pas travailler avec ceux qui souhaitent l’évincer du pouvoir ». Pour afficher une volonté d’ouverture, les Bleus n’ont droit qu’à un seul nommé, dans la sélection présidentielle, à savoir, Ahmad, désormais ancien ministre de la Pêche.
Clin d’œil
Le reste des personnalités nommées teintées de couleur politique sont, toutefois, issues de formations proches du pouvoir. Parmi les anciens ministres de la liste figure Brigitte Rasamoelina, qui devra donc, quitter le département de la Culture. Cette dernière compose le noyau dur du groupement pour la protection
du choix du peuple (VMSA), un melting-pot d’entités politiques se disant défenseurs de l’administration Rajaonarimampianina. Le colonel Botomanovatsara, ancien ministre de la Transition, est aussi membre du VMSA.
Le semblant d’ouverture est affiché avec quelques clins d’œil aux anciens chefs d’État et d’autres formations politiques qui se coltinent avec le pouvoir depuis plusieurs mois et attendent d’intégrer les institutions. L’ancienne ministre de la Culture de la Transition Alibena Elisa Razafitombo, du parti Arema, est aussi
présente dans la liste présidentielle. En marge d’un reboisement à Tsiafahy, dimanche, Simon Pierre, secrétaire national de l’Arema avait affirmé la volonté de son parti de collaborer avec le pouvoir. La coïncidence avec la nomination d’hier est frappante.
Selon certains observateurs, la présence d’Honoré Rakotomanana, ancien président du Sénat est aussi une ouverture vers l’ancien président Didier Ratsiraka. Les deux personnalités étant réputées proches. Depuis quelques mois, le juriste Rakotomanana semble, également, jouer le rôle de défenseur juridique du chef de l’État. Un appel au camp d’Albert Zafy, ancien président, semble aussi avoir été fait avec la désignation de Bruno Betiana. Electron libre du parti UNDD, celui-ci s’est un temps rapproché du VMSA.
Pierrot Rajaonarivelo, président national du parti Mouvement pour la démocratie à Madagascar MDM, figure aussi dans la liste. Ce dernier, qui depuis le début du quinquennat de Hery Rajaonarimampianina attend sa nomination officielle en tant que conseiller politique à Iavoloha. Olivier Rakotovazaha, secrétaire général du parti MFM est aussi nommé sénateur. Ancien membre de la mouvance de l’ancien président Marc Ravalomanana, le MFM s’est, toutefois, rapproché du pouvoir après un clash avec le président national du TIM, sur ses choix aux communales.
Si l’objectif présidentiel est de consolider politiquement le pouvoir, certains de s’interroger, toutefois, sur la dimension politique actuelle des formations que représentent ces personnalités nommées. Pour les autres, le président a choisi, notamment, des proches ou des hommes rompus aux arcanes de l’économie, comme Jean Martin Rakotozafy, président du groupement des gérants libres des stations services, Mohamed Mourad Abdirassoul, enseignant d’économie à l’Université et Zo rakotoseheno, journaliste économique et rédacteur en chef de Midi Madagascar. Le locataire d’Iavoloha a, du reste, dépassé le deadline qu’il s’est fixé. Ce qui pourrait indiquer que le choix a été cornélien.
Listes des vingt-et-un sénateurs nommés
1. Alibena Elisa Razafitombo
2. Brigitte Rasamoelina
3. Angeline Rasiavaivo
4. Lantosoa Julia Razafimahaleo
5. Mbade Jeanine Gabriel Ravoninahitriniarivo
6. Céline Marie Yolande Via
7. Général (e.r) Rehosevo
8. Georges Ratalata
9. Olivier Rakotovazaha
10. Colonel (e.r) Botomanivatsara
11. Hoela Johary Rajobson
12. Jean Martin Rakotozafy
13. Luc Ramparison
14. François Xavier Randriamalalarison
15. Zo Andriambola Rakotoseheno
16. Honoré Rakotomanana
17. Mohamed Mourad Abdirassoul
18. Docteur Joseph Rakotojoelimaria
19. Pierrot Rajaonarivelo
20. Ahmad
21. Bruno Betiana