Le Conseil d’orientation du Leader Fanilo insiste sur la suspension de Jean Max Rakotomamonjy et consorts. L’autre camp parle de déclaration de guerre.
Imminent. Après quelques années de querelles internes, la tension au sein du parti Libéralisme économique et action démocratique pour la reconstruction nationale (Leader Fanilo), s’achemine, visiblement, vers un point de non retour. Au regard d’une conférence de presse, hier, et des réactions qui s’ensuivirent, la scission, voire l’éclatement du parti s’annonce inévitable.
Devant la presse hier, à Antaninarenina, tablant sur les prérogatives que lui octroierait le règlement intérieur du parti, le Conseil d’orientation (CO) des Jaunes, présidé par Noël Andriamiarisatrana, a insisté sur la suspension du Bureau national de coordination (BNC). Les membres du CO ont, ainsi, officialisé l’intérim assuré par les membres fondateurs jusqu’à la tenue d’un conseil national du parti et la mise en place d’un conseil technique pour organiser ce rendez-vous national prévu en avril ou en mai.
En face, le BNC, conduit par Jean Max Rakotomamonjy, président national du Leader Fanilo, refuse toujours de reconnaître, et encore moins de se soumettre à la suspension prononcée par le CO, arguant, également, sur sa lecture des dispositions du règlement intérieur. Au regard des événements, depuis l’annonce de la suspension des membres du bureau national, le problème au sein des Jaunes est plus profond qu’un simple litige sur l’entendement des termes du règlement interne.
« Ce n’est pas une guéguerre de leadership, ni un problème de courant. Nous, membres fondateurs, avons mal face à la direction que prend le parti », a déclaré Noël Andriamiarisatrana, hier, à Antaninarenina. Et d’ajouter en aparté : « le problème n’est pas récent mais existe depuis plusieurs mois. (…) À cinq reprises, nous avons sollicité une réunion avec le BNC pour régler les choses ».
Sans ménagement
Le manquement aux valeurs du Leader Fanilo, notamment, l’éthique politique, ou encore la prise de décision unilatérale sans remplir le quorum requis, ni la consultation de la base et en tenant à l’écart le CO ont, entre autres été réitérées, hier, comme motif de la suspension. La versatilité des députés Jaunes à l’Assemblée nationale, ou encore la sélection des candidats du parti aux différentes élections ont, aussi, été soulevées.
« Il s’agit d’une suspension des personnes en tant que membres. Aussi, elles ne peuvent plus exercer de fonction au sein du parti jusqu’à nouvel ordre. La prise en main du parti des instances intérimaires est déjà régularisée auprès du ministère de l’Intérieur », a été dit, hier. « Jean Max Rakotomamonjy nous interdit d’avoir accès au siège du parti [à Ampasanisadoda]. Nous avons déjà fait constater cela par huissier. Maintenant, nous allons y revenir avec un huissier et forcer les serrures si cela est nécessaire », a été ajouté en aparté.
Dans le camp du BNC, le commandant Alphonse Toto, vice-président des Jaunes, dans une réaction à chaud, lors d’un entretien téléphonique, qualifie la sortie médiatique d’hier de « déclaration de guerre ». Sur le plateau d’une station privée de la capitale, dans la soirée, le pilote de ligne a, toutefois, tempéré ses ardeurs en appelant au dialogue. Au téléphone, hier après-midi, Alphonse Toto a déclaré : « nous avons toujours dit que le linge sale doit se laver en famille. Là, je ne dirais pas advienne que pourra, mais il semble que la scission est inéluctable ».
Dans la ligne de défense du BNC, Cyrille Reboza, autre ténor du Leader Fanilo soutient que « d’un point de vue éthique et démocratique, le BNC, étant élu est légitime et légal, car reconnu par le ministère de l’Intérieur, pour un mandat de 5 ans jusqu’au prochain conseil national prévu en 2017 ». Il est fort probable donc, que le camp de Jean Max Rakotomamonjy ne reconnaisse pas le CN, que compte organiser le CO en avril ou en mai.
Dans un communiqué qui paraît ce jour dans la presse, le BNC parle à son tour de « prendre les mesures nécessaires pour protéger le parti ». Les deux camps se torpillent sans ménagement. Hier, le CO s’est présenté à la presse aux côtés des bases issues des six provinces. Le 13 février, le BNC compte, lui aussi, faire une démonstration de force lors d’une réception de présentation des vœux, où seront conviés tous les élus Leader Fanilo et les structures locales du parti.